L’événement de la temporada du sud-ouest, l’un des grands moments de la temporada tout court ce sera le seul contre six qui verra, le 11  juillet à Bayonne, Sébastien Castella face à six toros (2 Jandilla, 2 Domingo Hernandez et 2 Pedraza de Yeltes). C’est un événement car un solo est toujours événement, un exploit même : tuer six toros demande un effort physique, nerveux, psychologique énorme. Il faut d’abord un courage extraordinaire, beaucoup de lucidité et de plus, une certaine variété dans le toreo car l’exercice ne doit pas lasser mais surprendre, tenir le public en haleine. Les grands toreros y trouvent matière à se « justifier » pour autant ils ne prennent ce risque que rarement et toujours dans un contexte bien particulier dans une arène prestigieuse pour faire date.

On fêtera donc les 25 ans d’alternative de Sébastien dans les arènes de Lachepaillet durant les fêtes de Bayonne… C’est à la fois un honneur pour Bayonne et un très bon choix du bitterrois, car rappelons-le Bayonne se prévaut à juste titre d’être la ville la plus ancienne de France où se sont déroulées des courses de taureaux à l’Espagnole. Tout un symbole.

Pendant 25 ans et plus car il faut ajouter ses années de novillero (il mit son premier costume de lumière à Aignan), le nom de Castella nous aura fait rêver. Jamais aucun autre torero français n’était arrivé à ces sommets damant le pion aux espagnols eux-mêmes et s’imposant dans un milieu marqué à ces temps-là par une forte xénophobie (soutenue par de nombreux critiques taurins français). Surtout, personne ne pensait qu’il se maintiendrai dans le peloton de tête de l’escalafon. Ce n’était pas un météore, une étoile filante mais une valeur sûre qui a duré et qui s’est imposée brillamment dans toutes les arènes du monde.

Ça n’est pas rien, c’est même un exploit unique et dans sa roue de nombreux toreros français ont pu tailler leur route. La jeune génération ne peut pas savoir la dureté de la lutte qui a permis aux toreros français de s’imposer (de toréer tout simplement). Ce combat mené d’abord par Nimeño II et ses copains a été soldé définitivement et positivement par Castella. Il s’est imposé par son courage d’abord, mais aussi sa fermeté, sa lucidité devant l’animal comme face aux pièges du mundillo.

Il faut souligner son goût de la perfection, cet effort permanent pour s’améliorer toujours ce qui lui a permis de faire un retour réussi, sans qu’il ne soit touché par ce sentiment de « déjà vu » qui fait échouer le plus souvent ces revivals. On attend donc Sébastien Castella dans sa plénitude de torero mûr, complet, perfectionniste ce 11 juillet pour écrire une page essentielle de l’histoire déjà riche de Lachepaillet.   

Pierre Vidal