On a vu ces derniers jours quelle était la réalité concrète de ce « pouvoir vert » qui s’est taillé une place non négligeable après les résultats des élections municipales. Bons résultats apparents, faussés en réalité par l’abstention, concentrés dans quelques grandes métropoles et commentés positivement par les médias « influenceurs » qui n’avaient rien d’autre à se mettre sous la dent.
C’est un électorat minoritaire –on le voit dans les sondages nationaux- mais déterminé : il s’est mobilisé. Il ne gêne pas les plans du Président, car aucun leader écolo n’émerge. Il va ainsi vers un nouveau duel entre lui et sa meilleure opposante, Marine Le Pen, dont il devrait triompher aisément.
Les excès verts sont aussi pour lui pain bénit. Le premier d’entre eux s’est déroulé dès le premier conseil municipal de Paris où Christophe Girard, adjoint à la culture, a été mis violemment en cause par des élues Verts pour avoir eu des relations lointaines avec l’écrivain Gabriel Matzneff visé par une enquête pour «viols sur mineurs» ouverte par le parquet de Paris après la publication en janvier du roman autobiographique de Vanessa Springora dans laquelle elle décrit la relation sous emprise qu’elle a entretenue, lorsqu’elle était mineure, avec l’écrivain. C’est ainsi que des banderoles fleurirent accusant de « Pédoland » la mairie parisienne.
Sont alors ressortis les propos tenus en 2018 par Alice Coffin -à l’origine du scandale :« ne pas avoir un mari m’expose plutôt à ne pas être violée, ne pas être tuée, ne pas être tabassée ». Ils ont reçu de nombreuses critiques, y compris au sein d’autres élus parisiens de la majorité. Le démissionnaire, a dénoncé sur Twitter: « le climat délétère général… où l’on piétine notre Droit et le Code pénal. J’ai 64 ans, une vie de famille épanouie et de nombreux engagements culturels, politiques et associatifs et n’ai nullement envie de pourrir ma vie plus longtemps et de m’emmerder à me justifier en permanence pour quelque chose qui n’existe pas. »
Quelques jours et c’est au tour du maire de Colombes de déraper lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, là où Jacques Chirac avait eu le courage de reconnaître la responsabilité de l’Etat Français dans cette ignominie qui a conduit 13 152 Juifs (4 115 enfants, 5 919 femmes et 3 118 hommes) dans les camps d’extermination. Pour Patrick Chaimovitch (EELV) « les gendarmes français de l’époque» qui ont « obéi aux ordres de leurs supérieurs » sont « les ancêtres de ceux qui aujourd’hui, avec le même zèle, traquent les migrants, les sans-papiers, les déboutés des droits humains. Ilen rajoute plus tard : « J’ai tenu à faire le lien entre la rafle du vel d’hiv et d’une part tous les génocides avant et après le nazisme ; d’autre part les migrants pourchassés partout en Europe parce qu’ils sont différents », niant ainsi la singularité tragique de la Shoah.
Sous la menace d’une plainte du ministre de l’Intérieur, il va rétropédaler dans un communiqué : « Il n’y a pour moi aucune comparaison possible entre police et gendarmerie d’un État démocratique d’une part, et police et gendarmerie de l’État pétainiste d’autre part » tout en réfutant la comparaison entre « le sort des migrants » et celui « des Juifs promis à l’extermination ». Ouf ! Mais ce qui est dit est dit, dans un contexte de montée des actes antisémites liés à l’épidémie c’est pour le moins irresponsable.
A Lyon plus récemment c’est le nouveau maire écolo Bruno Bernard qui a maintenu ses émoluments à 8 459,45 € bruts par mois. Le nouvel exécutif écologiste de la métropole lyonnaise, dirigé par Bruno Bernard, a choisi de rehausser de 1000 euros les indemnités de ses vice-présidents. Autrement dit, la frugalité ne caractérise pas ces apôtres de la décroissance. Il s’agit d’une toute première délibération de l’assemblée, elle est symbolique des projets de l’élu.
Enfin nous dirons un mot du basco béarnais maire de Grenoble Eric Piolle. Lorsqu’on lui pose, sur CNews, la question des piscines, « lieu à sanctuariser ou pas ? ». Il fait une référence surprenante à ses origines : « On peut appartenir à plein de communautés. J’appartiens à plein de communautés différentes. Des communautés culturelles, des communautés historiques, des racines. Je suis basquo-Béarnais et je le resterai toute ma vie. Et j’entretiens ces racines. Et pourtant nous avons un rapport direct aussi à la France ».
Ainsi donc pour le futur candidat vert aux présidentielles la question du Burkini et celle de l’aliénation des femmes musulmanes se réduit à une sorte de tradition culturelle semblable, en quelque sorte, aux quilles de neuf ou à la pelote… Commentaire de Naëm Bestandji qui se définit comme « blogueur, militant féministe universaliste, laïque et humaniste. Donc anti intégrisme religieux, anti FN/RN et extrême droite en général » : « Par un dangereux relativisme politique, identitaire et sexiste, le maire de Grenoble compare le sexisme islamiste à ses racines basquo-béarnaises. Le but est de faire accepter le burqini. @EELV : partenaire officiel de l’islamisme politique ? »
Nous sommes bien loin, on le voit, des jardins partagés, des pistes cyclables, de la défense de l’ours et du loup, de l’action pour la décroissance, de la bonne gestion des forêts, de la lutte contre la dégradation climatique, toutes questions sur lesquelles une grande majorité de Français s’accordent…
Alors de quelle couleur sont les Verts en réalité : rouge, gris, vert ?
Pierre Vidal
Photo DR
Paru in https://alternatives-pyrenees.com/