Belle novillada sans picador mardi au Puerto de Santa Maria, la seconde du cycle. Comme veille, elle s’est déroulée devant près de 5000 spectateurs pour la plupart très jeunes et dans une ambiance enthousiaste et réconfortante pour l’avenir de l’aficion gaditana. Le grand vainqueur de cette confrontation est le jeune Portuense Victor Barroso de l’école de José Luis Galloso qui a coupé un rabo à un eral encasté et retors de Torestrella. Mais une jeune femme s’est mise en évidence. Il s’agit de Myriam Cabas de l’école du Campo de Gilbraltar qui a coupé deux oreilles en ouverture après un espadazo impressionnant. C’était une de ses toutes premières sorties, Myriam qui se produira dans quelques jours dans la région nîmoise où elle a déjà vécu trois mois et qui s’est présentée au bolsin des jeunes aficionados nîmois. nous a confié ses impressions à la sortie de « la plaza real » et d’abord elle a évoqué sa formation taurine:

- J’ai vingt ans, je suis à l’école de Ruiz Miguel avant j’étais à l’école d’Algeciras pendant plusieurs années. J’ai toujours voulu entrer dans le toreo. J’ai des parents, de nombreux proches qui sont picadors ou banderilleros. J’ai passé plusieurs mois au Centre français de tauromachie à Nîmes.
- Quel type de toreo veux-tu réaliser ?
- Un toreo naturel et classique qui transmette au public, mais bon ça n’est pas si facile…et je ne suis pas la seule.
- Le monde du toro, c’est un monde difficile pour une femme ?
- Oui ! Oui ! bien sûr, c’est un monde difficile pour une femme et il faut s’y imposer petit à petit. C’est un univers qui est plein d’hommes qui est dominé par eux. Il faut faire son chemin lentement s’imposer et aller de l’avant. Tuer un toro ça n’est pas le seul problème : ça n’est pas plus difficile pour une femme de tuer les toros que pour un homme.
- Comment analyses-tu ta prestation de ce soir au Puerto ?
- J’ai fait beaucoup d’erreurs. J’ai beaucoup de choses à améliorer. J’aime surtout toréer à la cape et j’aurai pu faire mieux dans ce secteur. Mais pour moi couper deux oreilles dans une arène de l’importance du Puerto et devant un public aussi nombreux c’est un moment exceptionnel.
- Tu as des dates de prévues pour l’avenir ?
- Non. Pour le moment je n’ai rien. Je dois aller en France la semaine prochaine pour une fiesta campera dans la région nîmoise et après il faut attendre…

Paraphrasant le grand poète Louis Aragon (un amoureux de l’Andalousie) qui a dit : « La femme est l’avenir de l’homme » nous pouvons écrire sans nous tromper que “la femme est l’avenir de l’aficion”. Le jour où nous aurons des femmes au niveau des hommes dans les ruedos -une sorte de parité naturelle-, il ne restera que bien peu d’arguments à nos adversaires. Ce jour-là viendra. Rocio Romero, la cordobesa, fait une carrière remarquable en novillada piquée et en “sans picadors” on a vu à Arles les belles promesses de la Salmantina Raquel Martin.
L’avenir est a elles et Myriam n’est pas toute seule.
Itw. Pierre Vidal.