Superbe après-midi, samedi, à Saint Laurent d’Aigouze pour “Toré’art”, les adieux de José Gomez, modèle de torero de plata à la carrière nourrie, au bilan magnifique. Il avait réuni tous ses amis dans cette charmante placita adossée à l’église de la commune. Connus ou anonymes, ils avaient répondu présent très nombreux et les gradins étaient pleins, sous un soleil agréable pour réchauffer (s’il en était besoin) cette “tarde des amis” en quelque sorte…

Il y avait le ban et l’arrière ban des banderilleros et toreros, des éleveurs et des organisateurs du sud-est et des simples spectateurs amis venus pour certains du sud-ouest ; de nombreuses pointures d’Espagne aussi comme Javier Conde ou Raul Aranda, l’aragonais, auteur d’une brève sortie sensationnelle, qui fêtera ses 50 ans d’alternative dans quelques jours à La Chassagne avec un toro de Gallon. Présentes aussi Cristina Sanchez, Marie Sara et, aux pinceaux, puisque la journée avait son volet pictural, Swan Soto (parmi d’autres). La musique était assurée magnifiquement par les Gipsy Kings qui ont mis une ambiance adaptée à ce type d’après-midi chaleureuse et festivalière.

Beaucoup auront été séduit par l’aisance et la classe de Lalo qui fit tuer son toro par Fabien Castellani. Javier Conde voulait plaire; il y arriva par moments : on put voir ainsi la meilleure version du torero malagueño inconstant mais si plaisant quand ça marche. Belle sortie aussi de Cristian Parejo qui par son courage et son aguante, obtint les deux oreilles d’un solide Pagès Maillhan honoré d’une vuelta posthume. Rafi coupa deux oreilles et démontra qu’il avait acquis désormais un solide métier.

La surprise du chef fut pour la fin : avec Raquel Marin. La jeune salmantina, dont la carrière est menée par la grande Cristina Sanchez. Face à un toro noble de Gallon, elle démontra par sa profondeur, son aisance, son autorité et son élégance qu’elle peut en remontrer à tous ces messieurs… Même si elle eut du mal aux aciers, sa prestation fut le clou de cette belle journée. On devrait la revoir dans le sud-ouest bientôt et ce sera à ne pas manquer.

José Gomez sorti en triomphe porté par ses camarades. Hommage légitime à un grand banderillero, un homme intègre; organisateur d’une tarde qui montre la tauromachie sous son meilleur jour : celui d’une famille fraternelle qui partage les mêmes valeurs et qui aime à se retrouver pour honorer ses Anciens. A noter enfin la présence des razetteurs qui firent briller cette belle tauromachie provençale. Ainsi la fête était complète.
Pierre Vidal
