Gran corrida de toros y cucaña E.L.Velázquez.

Nous avons toujours dit ici que les « petites » arènes étaient le socle de l’aficion : ses racines qui la contribuent à sa puissance face aux attaques dont elle est la victime. Ces novilladas et surtout novilladas sans picadors, nombreuses dans le sud-ouest où elles se sont développées ces dernières années, non seulement accueillent un public important -à leurs échelles- mais elles fédèrent de nombreux bénévoles qui deviennent ainsi des vecteurs de la tauromachie en général el sur lesquels on peut s’appuyer en cas de coups durs. Ils font le noyau dur de l’aficion plus que l’estivant qui va voir une corrida en passant, durant les férias d’été. Celui-ci, bien sûr, reste le bienvenu et il a droit ainsi à notre sollicitude. Elles permettent aussi aux jeunes de se lancer et aux ganaderos de présenter leurs produits.

Les difficultés que connaissent les « petites » arènes et les plaintes, les doutes qui me remontent çà et là sont inquiétants. Nombre d’entre elles, pensent à renoncer, une option mise sur la table dans de nombreux endroits et qui, on l’a vu cet été, a été choisie déjà par certains qui furent pourtant des incontournables dans un passé récent. Je pense ainsi à Hagetmau, Eauze, Castelnau-Rivière-Basse, Maubourget, ces deux dernières maintenaient jusque-là l’oriflamme taurin dans le département Hautes Pyrénées. Et maintenant nous sommes privés du rendez-vous de Rion-des-Landes. Sans doute le Covid aura été le facteur principal de ces renoncements. Et sans doute, sera-t-il à une complication supplémentaire pour la temporada qui vient et pour certain un obstacle définitif cette fois.

Mais il n’est pas le seul handicap. Il y a les couts du spectacle qui augmentent sensiblement. Malgré de réelles concessions des uns et des autres, les plateaux sont encore trop chers et ne peuvent pas s’autofinancer comme ce fut le cas longtemps. Il faut donc avoir recours aux aides financières et les mairies sont de plus en  plus regardantes. Pourquoi les deniers publics iraient-ils en effet à une pratique contestée par certains ? C’est une objection que l’on entend souvent dans la bouche des élus. Les repas, les boissons demandent des bras qui sont désormais moins disponibles et les bénéfices sur ces postes sont en définitive minces –à part quelques exceptions.

Il n’y a plus aucune marge sur la viande qui n’est reprise qu’à un prix dérisoire. Et des dépenses nouvelles sont à prévoir : l’appareil chirurgical  est le souci numéro un de ces petites arènes. Outre qu’elles n’en trouvent pas à leur disposition pour le moment, les coûts envisagés pèseront durement sur le budget du spectacle. Beaucoup mettent leur espoir sur l’UVTF qui a vu de nouvelles nombreuses adhésions. Elle peut faire ici une démonstration de son utilité et rallier les derniers absents de cet instrument de coordination. Elle est la mieux placée en effet pour trouver une solution globale à ce problème. Même s’il y a des pistes, aucune solution pérenne n’a été trouvée pour le moment. Et sans appareil chirurgical pas de spectacle.

Reste un poste où la marge de progression est possible : le partenariat. Il y a plus de possibilités que l’on croit dans ce domaine, même si certains donateurs optent pour un soutien discret, ils restent prêts à aider. Cette participation si elle est bien menée peut atteindre 25% d’un budget et permettre d’atteindre l’équilibre financier (il y en a qui sont excédentaires ) , encore faut-il trouver les personnes idoines, capables de  ce démarchage austère. Il y en a néanmoins, qui réussissent très bien. Ceci dit ce n’est pas encore dans la culture de tous les clubs ou organisateurs.    

Du maintien de ces rendez-vous pittoresques et souvent prenants, dépend toute une économie locale : les ganaderos, les novilleros, les subalternes. L’effritement de ce terreau conduirait vite à une disparition pure et simple. La réduction des spectacles en général et de ceux de ce type en particulier, les novilladas sans picadors, ne serait pas la solution à la crise économique globale de la corrida. Au contraire elle ne ferait qu’affaiblir l’ensemble en le coupant de ses liens populaires. Il faut donc toujours plus de solidarité entre petits et grands pour un avenir meilleur et avant toute autre chose un soutien plus net aux plus fragiles.

Pierre Vidal