La torera Raquel Martin fera sa prĂ©sentation dans le sud-ouest Ă Arzacq lors de lâouverture de la temporada le 20 fĂ©vrier. La carriĂšre de la jeune Salmantina est dirigĂ©e par Cristina Sanchez et elle a fait des dĂ©buts fracassants en France lors de la fĂ©ria dâArles en coupant trois oreilles face Ă des novillos de Gallon, le mĂȘme Ă©levage qui lui sera opposĂ© Ă Arzacq. Nous avons rencontrĂ© Raquel Ă Saint Laurent dâAigouze Ă lâissu du festival organisĂ© pour la despedida de JosĂ© Gomez oĂč elle coupa une oreille Ă un novillo de Gallon. Elle nous a confiĂ© ses impressions :
Jâaime toujours venir en France. Pour cette despedida de JosĂ© Gomez câĂ©tait une belle opportunitĂ©. Mon novillo a Ă©tĂ© bon. Il avait du fond bien quâil manquait de force. Je me suis sentie trĂšs bien. Le public lâa vu. Donc je suis contente.
Parles nous de ta carriÚre ; comment es-tu venue à toréer ?
Je suis de Salamanque câest une terre de toros. Dans ma famille nous avons vu toujours de nombreuses corridas. Mes parents sont aficionados et mâamenaient aux arĂšnes. Un Ă©tĂ© jâai Ă©tĂ© piquĂ©e par le gusanillo et il ne mâa pas jamais quittĂ© ; jâai senti des choses que je nâavais jamais Ă©prouvĂ©es avant cela. Je me suis sentie Ă lâaise face au toro, dans lâarĂšne elle-mĂȘme et cette sensation je ne pouvais lâĂ©changer pour rien au monde. Ainsi jâai dĂ©cidĂ© de tracer ma route petit Ă petit.
Avais-tu des parents, des proches dans le monde du toro ?
Non, mes parents sont trĂšs aficionados mais je nâai pas dâantĂ©cĂ©dents taurins rĂ©ellement. Mais quand tu sors dans la rue, Ă Salamanque, tu rencontres souvent des toreros. Et lâadmiration que jâavais pour eux mâattirait beaucoup. Mais personne ne mâa dit pourquoi ne deviendrais-tu pas torera ? Tout le monde fut surpris quand je lâai dit: personne ne sâattendait Ă ce que je devienne torera.
Certes, on rencontre beaucoup de toreros Ă Salamanque mais peu de toreras…
Nous sommes trĂšs peu mais nous sommes aussi de plus en plus nombreuses. Et nous avons un niveau qui peut se comparer Ă celui des hommes. Nous ne sommes pas moins bonnes quâeux. Je crois que petit Ă petit tout cela se normalise. Il nây a pas le mĂȘme nombre de femmes que dâhommes mais nous sommes tous des toreros. Devant le toros, il nây a pas de diffĂ©rences.
Quel est ton concept de toreo ? Que veux-tu faire dans lâarĂšne ?
Je ne me tourne vers aucun style particulier car je toréé comme je suis.
Et comment es-tu ?
Ca le temps le dira, je suis encore « verte », jâavance petit Ă petit. Mais je me sens plus artiste que torero batailleur : je vais faire le toreo engagĂ©, lent, sans dĂ©magogie câest ce qui me plait câest ce qui me reprĂ©sente le mieux, donc je vais dans cette direction.
Tu as dĂ©butĂ© Ă lâĂ©cole taurine de Salamanque ?
Avec le maestro JosĂ© Ignacio Sanchez. Je dois tout Ă lâĂ©cole taurine de Salamanque. Ce sont eux qui mâont permis de mâĂ©panouir « taurinement » surtout intĂ©rieurement : jâai souvent dit que les Ă©coles taurines ne sont pas seulement des fabriques de toreros mais plutĂŽt des fabriques de personnes. On tây enseigne des valeurs et je leur suis trĂšs reconnaissante des progrĂšs quâils mâont permis de faire. Sans eux je ne serais pas ici.
Puis Cristina Sanchez est arrivĂ©eâŠ
Depuis le mois de janvier 2021. Elle sâest chargĂ©e de ma carriĂšre. Mais je suis restĂ©e attachĂ©e Ă lâĂ©cole taurine de Salamanque. Je continue Ă mây entrainer ; je reste en contact avec les professeurs. Ce nâest pas encore le temps de faire le grand saut et de couper les liens. Je dois encore progresser beaucoup.
Dâun autre cĂŽtĂ© tu continues tes Ă©tudesâŠ
Oui ; lâannĂ©e derniĂšre jâai eu le bac, cette annĂ©e je suis Ă lâUniversitĂ© pour obtenir un diplĂŽme dâinfirmiĂšre. Je le fais comme je peux. Ma prioritĂ© maintenant câest le toro. Mais je veux ĂȘtre inscrite pour ne pas abandonner complĂštement. Car je crois quâen ce moment la formation est trĂšs importante. Au XXIĂšme siĂšcle sans Ă©tude tu ne vas nulle part. Je vois cela comme trĂšs important donc et je le garde comme un second plan.
Comment vois-tu ce début dans le sud-ouest à Arzacq avec des novillos de Gallon ?
Je le vois avec beaucoup dâespoir. Jâai beaucoup aimĂ© Arles et la Camargue. Jâaime apprendre et jâadore voyager. Câest une des raisons pour lesquelles jâai choisi cette profession. Je suis trĂšs heureuse de dĂ©couvrir Arzacq et cette autre rĂ©gion de la France et de mâenrichir ainsi. Pour ce qui concerne les toros de Gallon… je nâai que des mots de remerciements. A Arles jâai triomphĂ© avec eux. Cette aprĂšs-midi un nouveau succĂšs. Nous sommes liĂ©s : cette ganaderia et moi.
Donc tu vois ce rendez-vous avec optimismeâŠ
Oui. Je suis quelquâun qui voit les choses avec optimisme. Câest ce qui me rend heureuse. Comment pourrais-je voir mal ce rendez-vous ?
Pourtant on dit du toreo que câest la profession la plus dure du mondeâŠ
Câest vrai. Les gens ne mentent pas. Il faut faire des sacrifices. Mais câest ce qui me plaĂźt. Et je suis heureuse en le faisant. Je traverse un moment important et je vais le dĂ©montrer car rĂ©ellement câest une perspective qui me rend heureuse.
Itw. Pierre Vidal
Photos: https://www.facebook.com/search/top?q=raquel%20martin%20torera