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L’affiche de Morante fumant un puro pour annoncer sa venue à la féria de Castellon vient d’être interdite! L’empresa a du en confectionner une autre au dernier moment.

Nous vivons dans un monde d’intolérance, de pudibonderie où dominent la censure et le politiquement correct. Et sans doute Morante exprime-t-il ce refus de se plier aux codes arbitraires des tenants de l’ordre moral. Sa personnalité baroque, inattendue, flamboyante, offre une sorte de refuge à tous ceux qui ne souhaitent pas se plier aux diktats de la bien pensance.

Comme El Cordobés incarnait en son temps le rejet de la dictature franquiste aux yeux du peuple espagnol, Morante incarne un refus radical de s’incliner devant les tenants d’une modernité factice, d’une écologie punitive, d’un mode de pensée aligné. Il peut le faire grâce à son brio dans l’arène. Et son toreo dans sa pureté et dans sa vérité, en marge de ces nouvelles écoles qui forment pour l’essentiel des pegapases et consacrent une certaine décadence de l’art de Cuchares, reflète cette attitude de rupture, de refus de ce qui a de plus superficiel dans le monde que l’on nous impose.

Il devient ainsi une icône et la censure dont il fait l’objet ici, car en réalité il s’agit de ça, montre l’impact qu’il a dans un public large et souvent jeune qui l’admire et qui souhaite, en effet, l’imiter lui et son cigare. Le cigare est un art de vivre basé sur le plaisir, la quête raffinée d’un ailleurs enchanteur. Il est le fruit d’un travail élaboré avec soin par des artisans de mondes lointains. C’est un objet de rêve et de poésie. Un peu comme le vin ou la tauromachie.

Ces censeurs bien intentionnés (?) préfèrent donc la marijuana au puro, grand bien leur fasse… leurs interdictions cependant deviennent insupportables.

Pierre Vidal