1/ D comme Déni c’est-à-dire le refus de voir la réalité en face. La réalité c’est une montée inédite du mouvement anti-corrida, en même temps que de l’animalisme, en Europe et surtout en France. Elle amène des faits concrets comme l’élection d’anti-corridas notoires à l’Assemblée Nationale, au sein du Rassemblement National, à commencer par sa présidente Marine Le Pen, mais aussi au sein de la NUPES avec l’élection (plus de 52% des voix) d’Aymeric Caron défenseur des moustiques, favorable à un permis de voter, anti-chasse, et avant tout anti-corrida. Il n’est pas le seul abolitioniste au sein des troupes de LFI. A noter que dans l’environnement de Macron Aurore Bergé porteuse d’un projet de loi anti-corrida qui a avorté en début de quinquenat a été réélue. L’ennemi est donc maintenant dedans : au cœur du système et il ne s’agit plus d’une poignée de manifestants plus ou moins esseulés mais d’un réseau qui se constitue au sein de l’appareil d’état. Ajoutons qu’avec le départ de Jean Castex nous avons perdu un défenseur de poids. Ailleurs, l’élection de Gustavo Petro à la tête de la Colombie (11 200 000 voix), va mettre un terme à très court terme à toute activité taurine dans ce grand pays taurin -comme cela s’est passé à Bogota dont Petro a été le maire-, sans compter la fermeture (temporaire ?) de la Monumental de Mexico. Ne pas faire ces constats c’est être dans le déni c’est-à-dire dans l’irresponsabilité.

2/ D comme Disputes. Dans ce contexte tout ce qui nuit à l’unité de la famille taurin, des aficionados autour des professionnels, a des effets calamiteux. Les récentes controverses sur la pique, la critique excessive des organisateurs vicois, les gestes violents de certains spectateurs lors de la corrida finale de cette féria sont à prohiber. Il faut au contraire promouvoir une unité du monde taurin qui ne soit pas de façade mais profonde. Cette unité doit se manifester en tout premier lieu en direction des petites arènes qui rencontrent de plus en plus de difficultés pour monter leurs spectacles. Elles représentent le maillage rural de notre passion et nous perdrions beaucoup si elles se décourageaient ce qui devient le cas un peu partout. Une première exigence : trouver un système de soins accessible à toutes ces arènes à un prix raisonnable. Il n’y a plus de chirurgiens taurins qui veuillent se rendre dans ces villages: c’est un drame! Il faudrait donc mutualiser les coûts et trouver un système utilisable pour tous. Des efforts ont été faits mais aucune solution pérenne n’a été trouvée. Voilà une cause concrète, une tâche à laquelle tout le monde devrait s’atteler.

3/ D comme Disparition. Faute de ne pas voir la réalité en face et de se complaire dans des querelles subalternes nous risquons de passer à côté de l’essentiel c’est-à-dire assurer la continuité, le maintien de nos traditions qui sont en l’occurrence, aussi, un art universel. Il y a dans ce début de temporada un aspect trompeur. Les bons résultats économiques de certains sont dus au sevrage de l’aficion lié au Covid. Pour autant ces résultats –contrastés en réalité- ne doivent pas nous cacher la réalité et notre fragilité décrite ci-dessus. Il faut donc agir en conséquence : soutenir les plus fragiles, se garder des réactions intempestives et vulgaires que nos adversaires ne manqueront pas de nous reprocher et montrer aussi, dans le calme, auprès de nos nouveaux élus notre détermination.

Déni+Disputes=Disparition, c’est la règle des trois D.

Pierre Vidal