« Le Lartet » c’est un des élevages de toros de lidia les plus anciens et prestigieux du sud-ouest. Il a été fondé par Paul Bonnet et son fils Jérôme est à ses côtés désormais. Les produits du Lartet seront cités deux fois ce week-end: samedi matin (4 novillos) à Eauze et à Castelnau-Rivière-Basse dimanche (18 heures) pour une novillada complète très attendue. Nous avons rencontré Paul pour faire le point avant cette double échéance capitale pour « Le Lartet »:

-« C’est une saison de redémarrage après le Covid, dans un moment où la corrida est dans un état difficile. On avait fait une sélection drastique des vaches. On redémarre cette année, avec quatre novilladas sans picadors, un novillo en piquée. Nous sommes  à Eauze, Castelnau, Plaisance, Bayonne et le novillo piqué ira à Bouillargues dans la banlieue de Nîmes et nous voulons revenir en novillada naturellement. Nous allons donc repartir avec un volume normal. Nous avions un peu serré parce qu’il faut que cela reste dans le domaine du supportable financièrement.

-Ce retour en novillada piquée, il est prévu pour quand ?

-Je ne fais pas de plans sur la comète. Il faut d’abord avoir ce qui est nécessaire et ensuite avoir en face l’acheteur. Ce n’est pas tout de faire du toro, il faut avoir les gens qui les achètent. Nous, l’an dernier, en privé, dans notre arène, on a fait combattre cinq novillos et quatre toros : on a sorti de bons novillos et un bon toro, l’autre moins. Mais chat échaudé craint l’eau froide on essaiera de mettre toutes les chances de notre côté.

-Qu’est-ce que tu cherches comme type de toros ? Que veux-tu présenter ?

-J’ai quelque chose de bien précis. On a démarré avec du Cebada Gago qui n’est pas toujours prisé des vedettes. Cela nous plaisait parce qu’il y avait ce piquant, avec un semental de Jandilla. Ensuite j’avais acheté une lignée chez le Marquis de Domecq ; aujourd’hui les vaches sont mélangées avec des sélections des deux côtés, avec deux sementals que l’on a achetés à Sanchez Arjona, une origine Juan Pedro. Je ne veux pas le toro naif, je veux le toro qui garde cette pointe de Cebada qui sera difficile à tenir car à l’époque elle constituait 50% de l’ensemble et désormais 10% à peu près. Je veux ce toro un peu vif, qui donne du jeu. Comme tout le monde j’essaie d’imaginer le toro qui puisse plaire au public et au torero. C’est pas facile…

-Pour Castelnau, ce sera une course particulièrement rématée, préparée : à quoi faut-il s’attendre ?

-Dans les novilladas non piquées, j’estime que les jeunes doivent avoir un bétail qui soit à leur portée Ça ne sert à rien de mettre des toros de trois ans moins trois jours : il vaut mieux avoir du spectacle que d’épouvanter tout le monde. A Castelnau nous aurons un joli lot de deux ans et demi. Il y aura des novillos d’un nouveau semental de la lignée Sanchez Arjona. Nous avons tienté deux vaches de ce semental qui ont été très bonnes. Nous espérons que cela sera confirmé.

Comment vois-tu l’avenir de la tauromachie ?

-Nous sommes tous très inquiets par la situation, en France comme en Espagne et dans toutes les tauromachies : landaise, camarguaise ou espagnole. Mais il y a en plus les lois européennes qui nous entravent. Donc je dis : les antis, oui, mais il y a aussi la pression des lois européennes qui devient insupportable.

Recueilli par Pierre Vidal