Bilbao, Jeudi 25 Août 2022 6ème de la « Semana Grande 2022 »

Temps orageux, plusieurs averses.

Enfin un quasi lleno …Et toujours le même président.

Toros de Victoriano del Rio (entre 505 et 630 Kg) pour :

El Juli Victoriano del Rio Bilbao 25 août 2022 © Ferdinand De Marchi

El Juli  (Violet « obispo » et or) :Ovation après avis  et ovation après avis.

José Maria Manzanares Victoriano del Rio Bilbao 25 août 2022 © Ferdinand De Marchi

José Maria Manzanares (Rouge et Or) Ovation après avis et Ovation.

Andrès Roca-Rey : Une oreille et forte pétition pour la deuxième et deux oreilles.

Justement applaudis aux piques : Paco Maria et Oscar Bernal

Aux banderilles Francisco D. Viruta et Antonio Chacon (impeccable toute la soirée).

On envisagerait dans notre beau pays de France d’interdire ce qui est et restera le plus extraordinaire spectacle, l’œuvre d’art la plus complexe et la plus émouvante : une corrida.

Les 8000 spectateurs de Vista Alegre ont quitté ces austères arènes de Bilbao avec des larmes pleins les yeux et des souvenirs infinis.

Pourtant, cette corrida était mal engagée après deux toros non sans bravoure mais sans force, simplement de la violence, que lidièrent avec le talent qu’on leur connait : Julian Lopez et José Maria Manzanares. Nous avons retrouvé le grand professionnalisme d’El Juli toujours dans le sitio, appliqué comme au premier jour après 24 années d’Alternative . Nous avons apprécié l’élégance et la classe naturelle de J.M. Manzanares, regrettant qu’il semble avoir perdu cette qualité majeure de « matador » ; mais où sont ses « recibirs » d’antan ?

Nous en étions donc à l’arrivée du troisième auquel Andres Roca Rey eut le temps de faire deux véroniques avant d’être renvoyé sans hésitation à cause d’une corne droite très déficiente : il avait nom IMPUESTO, ça ne s’invente pas…Et le sobrero Jabaleño 631 Kg se retrouva face à son jeune maestro. Il était volumineux, large, très armé. Trois piques un peu dans le désordre et la « péléa » débuta. Cinq statuaires et deux » pechos » plus loin le cirque était debout. Ce jeune homme avec la force et la technique qu’on lui connait, y ajouta toute la témérité nécessaire pour toréer ce bicho violent et d’une puissance inouïe. L’accrochage était probable, il fut très sévère et Andrès en ressortit « sonné » et très contusionné au visage. Après une série de manoletinas qui nous fit tous frémir, un « estocanazo » conclut et à nouveau leva toute l’assistance, sauf le Président Matias Gonzales qui dans sa grande générosité accorda une oreille au HEROS.

Après un tour par l’infirmerie où il fut très vivement encouragé à arrêter là sa soirée Bilbaïna et une longue attente où Julian se demanda s’il fallait remettre le bleu de chauffe, il réapparut, boitant bas et manifestement souffrant de plusieurs contusions et blessures au bras droit, aux côtes et au genou dont nous ne connaissons pas la gravité .. Il essaya de toréer ce sixième comme si il était intact et frôla  la mort durant  toute sa lidia . Courage, volonté, orgueil, honneur tout y était. Une mise en suerte pour la phase ultime et une épée fulminante.

Là personne ne pouvait refuser les deux trophées.

Il sortit en triomphe sur ses deux pieds, trop de douleurs avaient envahi son corps pour être porté par les « capitalistas » bien connus.

Merci MAESTRO

Charles Figini

Roca Rey s'est rendu à l'infirmerie où il a été soigné, selon le rapport médical signé par le Dr Eduardo Monsalve, d'une « polycommotion cérébrale ; traumatisme du front et de la pommette droite sans déformation osseuse. Traumatisme à l'avant-pied gauche, au poignet gauche et au genou droit. Bâton lombaire gauche. Rupture fibrillaire de 3 cm en attente de confirmation".

Et le point de vue que nous a adressé de Jean Dupin

Tarde épique dans le ruedo de Vista Alegre. ROCA REY on aime on aime pas, mais on ne peut qu’admirer le courage l’abnégation et le toreo du jeune péruvien  dont le nom sur l’affiche suffit à remplir une arène. Ce fut encore le cas ce soir ou l’assistance fut nettement plus importante que les jours précédents et que n’est pas la prestation qu’il a donné qui fera inverser la tendance bien au contraire.

Le JULI et MANZANARES nous on gratifié d’une prestation très professionnelle un peu froide, comme souvent, le contrat rempli devant chacun de leurs adversaires avec plus ou moins de réussite surtout dans l’exécution de la suerte suprême mais sans catastrophe non plus, salués par un public reconnaissant leur valeur et leur métier.

Et puis…. advint celui que d’aucun appellent le Condor l’aigle des Andes le seul l’unique :  Andres Roca REY. Le premier de son lot sort avec une corne droite cassée à la racine, rentre alors JABALENO plus de six cent kilos et des cornes à faire peur. Il ne laisse pas le temps au piquero de rejoindre son sitio que déjà il est dessus et reçoit une bonne pique, il aura droit à deux autres, avec mise en suerte cette fois qui ne limiteront en rien ses ardeurs. Andres l’accueille muleta en main par une série de cinq statuaires les pieds rivés au sable suivent plusieurs séries bien liées mais à droite le toro derrote violemment désarmant le piéton qu’à cela ne tienne la corne gauche est bonne et Andres en profite baissant la main et soumettant l’adversaire avant d’en terminer par une inversée. Roca Rey ce saisit de l’épée et revient au combat croyant bien avoir réduit son adversaire. Cinq manoletinas superbes et pour finir une inversée, que neni JABALENO  n’était pas soumis, le torero lui tournant le dos fit passer sa muleta devant lui cela suffit à déclencher la charge du brave et la correction fut sévère. On ne me montre pas les fesse devait penser l’animal.  Pris et repris au sol piétiné Roca Rey se relève un trou dans le creux des reins la cuisse certainement touchée le visage contusionné il reprend épée et muleta en main en finit d’une immense estocade portée en marquant les temps nons sans avoir donné une dernière série de malonetinas . forte pétition et une oreille est accordée par le président qui garde la sienne, suite certainement à des p dans la faena. Après une vuelta al ruedo chaleureuse Andres ROCA REY rejoint l’infirmerie.

A la mort du cinquième il n’est toujours pas ressorti, El JULI tire nerveusement sur sa cigarette, devra-t-il occire le dernier, les minutes passent et surgit alors Roca Rey blanc comme un cierge le visage tuméfié boitillant mais plus que jamais prêt à en découdre, les toreros ne sont pas du même sang que le reste de l’humanité. Quitaluna prend deux piques légères, Chacon salut aux banderilles et Andres s’avance au centre pour brinder puis avec un rictus douloureux s’agenouille et cite une inversée la muleta est accrochée le malheureux est projeté au sol, sauvé in extremis par sa cuadrilla. Qu’à cela ne tienne debout au centre il recite et dans un terrain microscopique il donne une série d’inversée et de statuaires, de nouveau la muleta est accrochée, le torero ne lâche pas et est projeté au sol. A bout de force et parfois chancelant il donnera à ce toro la faena qu’il mérite dans le terrain réduit que lui autorisent ses jambes, soutenu par son seul courage et cette abnégation des toreros. Une entière efficace fait exulter l’arène libérée de tant d’émotion, on vit des hommes pleurer, deux oreilles sont immédiatement accordées mais la sortie à hombros sera pour une autre fois, c’est la porte de l’infirmerie qui attend le héros de ce soir.

Andrés Roca Rey Victoriano del Rio Bilbao 25 août 2022 © Ferdinand De Marchi

Epopée digne des grands d’Espagne pour ce fils des Andes que nous aurons j’espère, le plaisir de revoir demain soir.

Jean Dupin