Ne soyons pas dans le déni et appelons un chat un chat: la féria de Bilbao a été un échec populaire et artistique. Les retransmissions télévisées devant des gradins désertés et des entrées lamentables n’ont pas donné une bonne image de la tauromachie qui a du mal à se relever de ces années COVID mais qui pourtant y réussit ailleurs. Non seulement les arènes de Bilbao sont vides mais les lieux historiques où se retrouvaient les taurins, les hôtels Ercilla ou Carlton par exemple, sont désertés. Il y a de quoi se préoccuper pour l’avenir même si la solidité économique de l’ouvrage n’est pas menacée (parait-il).

Dans cet enfer, un homme surnage et, sans doute, pour le grand public en tous les cas, inverse l’image globale de ce désastre: Andrés Roca Rey, le nouveau messie. Sa prouesse tragique sur le sable noir du Pays Basque aura bouleversé les foules et il est dommage qu’il n’ait pas pu répéter comme prévu le lendemain car sans doute aurait-il alors rempli Vista Alegre, par ailleurs si commode et bien ordonnancée, tant il a impactée lors de ce premier passage. C’est le torero qu’il nous faut nous ne cessons de l’écrire ici. L’époque a besoin de son toreo engagé, de cette prise de risque, de cette radicalité, de sa vérité qui saute aux yeux de tous aficionados ou spectateurs occasionnels. Il faut sortir de l’entre-soi! De ce point de vue la présentation du jeune mexicain Léo Valadez a été une bonne surprise -limitée par sa courte expérience.

Donc, Roca Rey mis à part, pourquoi cet échec patent ? On peut tenter quelques explications: le conservatisme dans lequel la gestion Chopera fige le coso basque: pour commencer la programmation peu imaginative (présentation de Valadez mise à part) et le toro (dit) de Bilbao qui ne correspond plus aux standards actuels. On peut discuter aussi la présence inamovible au palco de Matias, dont le manque de sensibilité choque les nouveaux venus aux arène. Son protagonisme est nuisible à l’adhésion populaire, il faut donc changer, même s’il a ses fans. Il faudrait aussi évoquer le prix des places prohibitif (à l’ombre surtout) et une communication insuffisante ou inadaptée. Est-il temps de redresser la barre ? Peut-être. L’empresa actuelle en est-elle capable ? Ca n’est pas sur. En tout cas c’est changer ou disparaître…

A l’issue de cette feria, les différentes entités ont décerné leurs trophées, notamment la Junta Administrativa de Vista Alegre et le Club Cocherito qui sont tombés d’accord pour décerner le prix à la meilleure ganadería à celle de Santiago Domecq et celui au meilleur toro à “Cotorrito”, du même élevage.

Ont été aussi distingués Andrés Roca Rey comme triomphateur de cette feria, Leo Valadez torero révélation, ainsi que le picador de Román “Chocolate” et le banderillero du Juli Curro Javier. Dernier détail, celui du plus beau costume a été attribué à Alejandro Talavante…

Pierre Vidal

Avec Feria TV, voir les résumés de ces corridas :

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