Photo MAURICIO BERHO mundotoro.com

Il faut se défier, dans le monde comme dans le toreo, de tout ce qui se termine en « isme ». de l’idée de système, c’est ce que nous a appris le siècle passé. Nous en devrions en retenir les leçons. Hier ce fut le poncisme alors qu’Enrique Ponce fut un monstre bien oublié aujourd’hui et dont les inconditionnels se sont détournés à la fin de sa carrière. Aujourd’hui et depuis un certain temps déjà c’est le morantisme qui sévit. Il est de bon ton de se poser en inconditionnel du torero de La Puebla pour des raisons taurines mais aussi sociologiques voir des raisons politiques peu avouables et qui n’auront pas servi la cause.

Il ne s’agit pas de minorer l’extraordinaire carrière de José Antonio, ni sa faena inoubliable d’hier qui nous a fait rêver ou pleurer. Mais comme le dit un bon aficionado dans un message :  « Une oreille après deux pinchazos et un bajonazo dans une arène de première catégorie c’est donc possible ? »  Le monde change… L’adhésion irrépressible à Morante repose sur une équivoque : ce n’est pas un torero artiste comme le furent Curro Romero ou Rafael de Paula. Il a des moyens techniques qu’ils n’avaient pas et sur lesquels repose une tauromachie purement andalouse, esthétique, idéale d’une certaine manière : C’est le bon goût, le toreo traditionnel dans sa parfaite exécution.  

Séduire la Maestranza, qui n’était pas pleine malgré ce cartelazo, est-ce la marque de l’universalité d’un torero que l’on présente désormais comme « le meilleur de l’histoire »? N’y a-t’ il pas une part d’autosuggestion dans cette idolatrerie ? Morante nous parle à nous aficionados déjà expérimentés réunis sur les gradins sévillans et nous sommes déjà conquis avant même qu’il ne défile. Touche-t-il, José Antonio, les générations nouvelles qui viennent aux arènes et qui sont censées représenter le futur -indispensable- de la Fiesta ? N’est-elle pas, cette génération montante à la recherche d’émotions nouvelles qu’elles trouvent par exemple chez Roca Rey dans lequel elle s’identifie plus largement ? Ne sommes-nous pas obsédé par cette image du bon toreo que nous n’avons pas su transmettre le plus souvent ? Je l’écris au risque de défriser certains de mes amis morantistes: restons lucide, posons nous la question: Le génie de Morante est-il porteur d’avenir ?

PV

https://feria.tv/video/4214/morante-fait-rugir-la-maestranza/