Villamartin, samedi, corrida mixte. Grosse moitié d’arène portative.
« Toros » de Firmin BOHORQUEZ imprésentables pour une corrida de toros même en portative 1 guarismo du 8 correct, trois guarismo du 9 -des novillos-, un illisible et un de guarismo 0 -un eral de novillada sans picador. Interrogée à l’issue du spectacle la présidente ignorait manifestement que l’année de naissance du toro était marquée sur l’épaule de l’animal et ne savait même pas qu’une corrida nécessite des toros de quatre ans, pourtant elle nous a assuré de la présence de deux vétérinaires au reconocimiento et à l’apartado. Ceci dit, cette novillada était toréée par :
Finito de Cordoba de catafalque et or : silence et silence
Canales Rivera de rose et azabache : silence et deux oreilles et la queue
A cheval, Léa Vincens : silence et deux oreilles.

Léa Vincens ouvrait la mascarade toréant un novillo très épointé, brillante cavalière elle démontra tout son art équestre pour clouer un réjon de châtiment et une kyrielle de banderilles quasiment toutes posées à étrier passé, voire à la croupe avec de nombreuses sortie à faux, chaleureusement applaudie par un public festif. La mise à mort fut plus que laborieuse quatre rejones de mort et deux descabellos. Elle fut appelée à saluer. Lorsque son second animal sortit les yeux m’en tombèrent je mis repris à deux fois questionnais mes voisins, est-ce bien un zéro que vois sur l’épaule de l’animalicule ? Eh bien oui je ne rêvais pas elle allait s’entrainer devant un eral de novillada sans picadors, lui aussi épointé -il y a bien longtemps qu’elle est censée avoir dépassé ce stade. Qu’à cela n’y tienne elle lui infligea deux rejons de châtiment, dont le premier dans le cou, s’en suivirent toute la série des banderilles longues et courtes avant que l’animal ne s’effondre suite à un rejon de mort quasi au milieu du dos : ce fut le triomphe, deux oreilles accordées par la présidente conseillère municipale [dont j’ai déjà dit deux mots]. Et encore… son péon sans scrupule tirant le toro par la queue la montrait au palco en criant pour qu’on la coupe aussi, avec force mimiques patibulaires.
Je parlais de scandale en titre on commence à comprendre pourquoi.
Finito de Cordoba est l’ombre de lui-même, blême, mort de peur. Il lui échut le seul toro (de quatre ans) de la soirée qu’il accueillit par de belles véroniques en gagnant du terrain. En sortie de pique son banderillero de confiance chuta devant le toro et la panique gagna le torero et sa cuadrilla. Finito donna quelques détails très fins à droite une vague série d’aidées à gauche et puis c’est tout… avant de prendre l’épée. Une entière de travers et tendue au deuxième essai et cinq descabellos pendant que sonnaient deux avis. Ailleurs il aurait écouté une bronca mais ici on respecte en silence. Son second sortira avec un guarismo illisible mais sa morphologie paraissait bien être celle d’un novillo de bonne présentation. Belle réception au capote rappelant bien le Finito que nous avons connu, s’en suit une pique qui en vaut deux. Finito commence par deux séries templées de la main droite puis une série d’aidées à gauche ; le toro qui baisse de régime est de plus en plus distrait et Finito en finit par une demi à peu près en place et cinq descabellos après avis. Le temps est peut être venu pour lui d’une despedida avec les honneurs.
Canales Rivera torée peu certainement trop peu et pourtant il peut être bon torero Il accueille son premier d’une superbe série de chicuelinas serrées rematées d’une média à genoux de grand niveau. Une bonne pique précédera la faena. Le toro andando le gène visiblement et sans même essayer de le fixer il prend l’épée : au neuvième essai il parvient enfin à faire entrer la lame: silence respectueux ici aussi.

Le dernier toro de la soirée, encore un novillo, sort plein de fougue des chiqueros ; bon accueil au capote et après une pique qui en vaut deux, Canales nous offre un superbe quite par delantales, rematé d’une serpentine du plus bel effet. Oliva brille aux banderilles et salue avant que son maestro ne lui brinde son toro pour la corrida de despedida de ce brillant torero de plata originaire de Chiclana. L’entame se fait assi sur l’estribo ; s’en suit une faena dominatrice très templée, artistique menée des deux mains. Nous en oublions presque les catastrophes précédentes et dégustons cette tauromachie andalouse si agréable. Le public est conquis. Une entière un peu en arrière après une tentative de recibir et la placita se couvre de blanc: deux oreilles et la queue pour le torero, vuelta al ruedo pour le toro. Nous pouvons repartir le cœur léger vers le campo de féria.
Et pourtant chemin faisant, après avoir rencontré la Présidente, charmante au demeurant, mais totalement incompétente, nous nous posions des questions : Un spectacle comme celui-là ne mérite pas le nom de corrida de toros et dans le temps que nous vivons il faut absolument que les organisateurs prennent conscience de la nécessité absolue de conserver à notre passion toute son intégrité et sa sincérité cela en sont les principes de base ne les galvaudons pas.
Jean Dupin (texte et photos)