La Real Maestranza de Seville était quasi comble dimanche pour cette dernière corrida du cycle sévillan.

Toros bien présentés de Juan Pedro DOMECQ décastés pour la plus part faibles les deux seuls qui ont rématé aux planches se sont retrouvés avec une corne escobillée.

Pour :

 Jose Antonio MORANTE DE LA PUEBLA de granat et or : silence et silence Au passage le même costume que pour le dimanche de la résurrection avec les mêmes toros pour le même score.

Gines MARIN de bleu nuit et or : une oreille et silence

Pablo AGUADO , de sang de toro et or : une oreille et silence.


Si la soirée fut en demie teinte c’est bien évidement par la faute d’un bétail faible et décasté auquel à part quelques rares exception, Juan Pedro nous a habitué cette temporada. Les seconds et troisièmes ont un peu mieux servi grâce à leur fond de noblesse.


Morante touche les deux plus mauvais du lot: le premier s’escobille la corne droite sur le burladero des toreros et cet effort est le dernier qu’il consent, il fait deux génuflexions avant même de rencontrer le cheval sous lequel il s’affale. Le chouchou de Séville ne prend pas l’épée de mort en sortant du callejon mais je pense qu’il en avait fort envie. Il ne retarde que de deux minutes le temps de démontrer que son toro, totalement arrêté et derrotant sur place est intoréable. Il s’en débarrasse “vite fait mal fait” d’un bajonazo que personne ne songe à lui reprocher. Sifflets copieux au toro.
Son second ne vaut pas tripette fuyant les capes il n’a d’yeux que pour la porte du toril, alors nous nous contenterons de détail une très belle mise en suerte rematée d’une média a la première pique, du toreo à l’ancienne pour la seconde à une main cape à l’épaule. A la muleta Morante essaye un peu du moins, il a ciselé une œuvre d’art vendredi, aujourd’hui c’est bon : deux essais de tanda à droite, un essai de naturelle “et je vous le dit mesdames messieurs il n’y a rien à faire” exprime sa mimique.  Il n’y a tellement rien à faire qu’il découpe une côtelette avec un bajonazo plus que bas sortant sur le côté, le descabello est lui très efficace. Au revoir ! Merci ! Circulez ! il n’y a plus rien à voir, le génie est une chose si rare qu’il se distribue avec parcimonie. MORANTE aura fait trois petits tours et s’en va. En fait il a fait six paseos à SEVILLE cette année battant le record de Curro Romero… Il risque de tenir longtemps.


Gines MARIN accueille son premier par une belle série de véroniques conclues d’une demie et d’une serpentine. Le toro met bien la tête il s’agit de le conserver le tercio de piques même  symbolique. AGUADO réalise un beau quite par chicuelinas. A la muleta, l’extremeño natif de Jerez, mène son toro vers le centre terminant par un festival de molinetes et trincheras des deux côtes. « FANTASIA » est certes un peu faible mais déborde de noblesse: il faut lui donner de l’air et de la distance ce que fait très intelligemment Gines lui servant une bonne faena des deux bords, des passes longues et templées. Une demie en place lui permet de couper une oreille. Son second décasté, digne frère des opposants de MORANTE ne lui permet rien : totalement décomposé, le toro finit par tomber après un mete y saca, un pinchazo et une demie lame.



Pablo AGUADO  touche en premier lieu un dénommé Tulipan de 564 kg qui s’éclate une corne contre le burladero et s’offre une vuelta de campana. Deux piques légères lui suffisent. A la muleta AGUADO lui sert des séries courtes et suaves qui s’accordent bien à sa noble faiblesse. A droite d’abord puis à gauche le toro passe avec lenteur les naturelles s’enchainent avec tout le temple dont le sévillan est maître. Aguado  reprend la main droite et la aussi passes comme au ralenti, pechos que l’on croit infinis, douceur de toreo, toute la tauromachie sévillane. Retour à gauche pour une série encore plus lente s’il se peut rematée d’un tincherazo superbe. A l’épée le rincon d’ORDONEZ fait encore merveille et permet à AGUADO de rejoindre auscore Gines MARIN. Et nous en resterons là son second est aussi mauvais que celui de son camarade il pourtant mais rien à faire on ne remue pas un bloc de pierre trois quart en arrière font disparaitre le problème.


Voilà cette San Miguel terminée sans triomphe majeur, chaque jour un petit quelque chose juste pour donner envie de revenir. Le prochain rendez-vous de La Real Maestranza sera le douze octobre pour le festival de bienfaisance de fin de temporada , pas de doutes nous y serons.

Jean Dupin