Vernissage vendredi soir de lâexposition de peinture de la Semaine taurine Culturelle de Saint-Sever un programme trĂšs fourni sur lequelle nous aurons lâoccasion de revenir et qui se terminera par un festival taurin suivi dâune novillada sans picador. Parmi les peintres prĂ©sentĂ©s aux Jacobins Marco Sikora qui construit en silence une Ćuvre singuliĂšre et profonde avec pour cadre essentiel, mais pas exclusif, la tauromachie.
Nous avons rencontrĂ© Marco Sikora Ă quelques encablures du Guggenheim, un jour de « Semana Grande » de Bilbao. Il y avait chez lui ce sourire amical quâil arbore en voyant un ami mais aussi ce regard distanciĂ© quâil porte sur le monde en permanence. Pour Marco lâexposition de saint-Sever est importante car il se remet doucement de durs ennuis de santĂ©.
-Je vais prĂ©senter tout mon amour pour la tauromachie. Notamment pour Juan JosĂ© Padilla que jâadore. Ma technique câest de lâhuile sur toile, ou de lâhuile sur bois. Il y a treize Ćuvres dont une qui nâest pas directement consacrĂ©e Ă la tauromachie et qui reprĂ©sente Sainte Sara car Sainte Sara mâaccompagne tout le tempsâŠ
-Tu habites Vichy, une rĂ©gion non taurine -bien quâelle ait Ă©tĂ© jusque dans les annĂ©es 80-, pourquoi cet amour la tauromachie ? Cette source dâinspiration ?
-Jâai vĂ©cu dans le sud, sur Chateaurenard, Jâai tout de suite eu la passion des toros : de la course camarguaise et de la corrida. Le premier dĂ©clic que jâai eu câest Chamaco. Je me rappelle toujours dâune matinĂ©e inoubliable Ă Arles dans les annĂ©es quatre-vingt : on Ă©tait des milliers Ă remplir lâamphithéùtre, le matin, pour une de ses derniĂšres novilladas. CâĂ©tait fabuleux et ensuite je nâai jamais arrĂȘtĂ©.
-Quâest-ce qui te plait chez un torero ? Quâest-ce qui tâattire ? Quâest ce qui te motive ?
-Tout me motive, en rĂ©alitĂ©. Rentrer dans une arĂšne mĂȘme si elle est vide ça me plaĂźt, ça me donne des frissons. Quand elles sont pleines et que tout le monde agite le pañuelo, jâadore, ça me donne des frissons aussi. Quand je vois les faenas des toreros jâadore⊠Et tous ces gens qui dĂ©fient la mort jâadoreâŠ
-Mais pourquoi cette fascination pour Padilla ?
-Parce que Padilla câest je ne sais combien de cornadas ; il a perdu jmais son Ćil et il nâa jamais arrĂȘtĂ©, il nâa jamais renoncĂ©, il garde cette passion : travailler pour arriver. Un homme exceptionnel, un homme trĂšs gentil qui a dâailleurs une toile de moi en remerciement il mâavait consacrĂ© un entraĂźnement privĂ© Ă Sanlucar de Barameda : il a fait sortir tout le monde un matin et nous sommes restĂ©s ma femme et moi avec Membru son pĂ©on. Il y tenait ! On Ă©tait que quatre et il a fait son entrainement pendant une heureâŠ
-Dans le monde taurin y-a-tâil un lieu de prĂ©dilection pour toi ?
-Evidemment : Sanlucar. Sans aucune hĂ©sitation parce que lĂ -bas, ils ont la passion des toros jusquâau bout.
-A Vichy, comment nourrir ta passion ?
-Ma passion Ă Vichy je la nourris facilement : jâai des amis qui aiment beaucoup les toros, qui regardent les corridas tĂ©lĂ©visĂ©es. Je fais partie aussi de la « peña des volcans » Ă Clermont-Ferrand oĂč il y a deux peñas et nous avons des rĂ©unions mensuelles. Donc je ne suis pas si Ă©loignĂ© que ça⊠avec la tĂ©lĂ©vision, plaza toros ou Canal Sur, je vois des corridas toutes les semaines.
-Câest une des premiĂšres fois que tu vas exposer dans le cadre du milieu taurin, ton travail nâest pas forcĂ©ment destinĂ© Ă ce publicâŠ
-Jâai dĂ©jĂ exposĂ© des toros Ă Arles dans les annĂ©es quatre-vingt, dans certaines fĂ©rias ça mâest arrivĂ©, Ă Cavaillon et mĂȘme en Haute-Loire Ă La Chaise Dieux. En gĂ©nĂ©ral çâest trĂšs bien reçu aujourdâhui ça le serait peut-ĂȘtre moins par un public non aficionado.
-Comment vois-tu lâavenir de la tauromachie ?
-Lâavenir de la tauromachie ? LĂ par contre il me faut du Lysanxia [un anxiolytique (ndlr)] parce que ça craint, ça craint vraiment. Jâai lâimpression, sans faire de politique, que devant une AssemblĂ©e Nationale chaotique, on peut se rĂ©veiller un matin du mois de novembre ou du mois de dĂ©cembre dans une situation semblable Ă ce qui est arrivĂ© Ă la Monumental de Mexico : on dira on a plus le droit dây aller câest fermĂ©. Ca aura Ă©tĂ© votĂ©.
-Tu vas faire une dépression, alors ?
Quelques rires dans lâassistance mais la rĂ©ponse de Marco est triste et sĂ©rieuse :
-Peut-ĂȘtre, peut-ĂȘtre⊠jâen serai malade câest sĂ»r. Câest sĂ»r.
Itw Pierre Vidal
“Puerta del Principe Sevilla” Marco Sikora