“Le radeau de la méduse” José Manuel Ballester (Guhgheneim Bilbao)

Pendant que les nuages s’accumulent sur nos têtes nous, les taurins, pour la plupart, nous continuons à vivre comme si de rien était. Il y a pourtant des nouvelles troublantes et une situation qui ont de quoi inquiéter : tout est possible dans une Assemblée où le Rassemblement National vote avec la gauche pour faire tomber le gouvernement. Autour du projet de loi qui a pour but de supprimer la corrida en France, examiné dans les jours qui viennent, des alliances de toutes sortes sont en train de se nouer et, selon l’Express, le groupe macroniste a donné des assurances à Aymeric Caron qu’il voterait sa loi ce qui –sans l’appui de le droite ni du RN, toujours possible- lui donnerait une majorité. Selon L’Express toujours, le vice-président de Renaissance, Sylvain Maillard, aurait assuré à Caron : « Ne t’inquiète pas ça va passer, chez nous on va la voter sans aucun problème ».

Les carottes de l’assemblée Nationale seraient donc cuites à moins d’un miracle. A tel point que c’est le Garde des Sceaux, Dupont Moretti qui viendrait défendre la position du gouvernement qui, lui, n’est pour rien toucher à l’existant. La montée d’un poids lourd de ce calibre montre que le dossier est chaud, brûlant même. Les récentes décisions du Conseil d’Etat toutes anti-chasses montrent que le lobby écolo a infiltré cette assemblée. On l’a vu avec la récente interdiction de la chasse à l’alouette, sans fondement scientifique, qui fait juste droit aux récriminations animalistes. Il ne faut pas compter sur cette assemblée de prétendus sages yoyotants pour un recours ultérieur.

Dans cette situation difficile où sont les professionnels taurins? Il s’agit de leur gagne-pain, tout de même… Les ganaderos se sont exprimés, mais les autres ?  Simon Casas –habile rhéteur- traite avec les mexicains. Sébastien Castella part pour défendre la corrida en Colombie. Juan Bautista est silencieux. Les matadors, novilleros, banderilleros français si pointilleux sur leurs émoluments sont muets sur le sujet ? Faut-il croire qu’ils considèrent la bataille comme perdue ?

Dans ce contexte décisif pour notre culture et pour son futur, les aficionados ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Ce sont eux qui défendent les acteurs…Un paradoxe dangereux car il faut se méfier des engagements de tel ou tel élu dans un contexte politique complexe et changeant. Comme en Catalogne il y a peu, la corrida en France sera probablement la victime d’une situation politique qui lui échappe. Sacrifiée sur l’autel de la politique politicienne. Victime d’alliances de circonstances.

 Pierre Vidal