Parmi les aficionados venus défendre la corrida samedi devant la préfecture de Pau : Dorian Canton. Dorian est le premier matador d’origine béarnaise de l’histoire. Malgré le Covid qui ne lui a pas permis de débuter dans de bonnes conditions sa jeune carrière, il a fait une temporada 2022 qui a retenu l’attention des aficionados avec des succès importants à Villeneuve-de-Marsan et Bayonne par exemple. On y a noté sa maturité nouvelle, son engagement et une incontestable profondeur dans son toreo. Bref il est sur la bonne voie et sa présence au milieu des aficionados béarnais qui l’ont beaucoup soutenu, samedi a été appréciée. C’est d’ailleurs lui qui a lu la motion remise à la préfecture. Une occasion de faire un peu plus sa connaissance.

Dorian Canton lisant la motion samedi à Pau

-Pourquoi es-tu présent dans cette manifestation, ce matin ?

-Pour la simple et bonne raison que le monde de la corrida est attaqué. Ca n’est pas simplement le monde de la tauromachie, ce sont les cultures de notre territoire dans leur ensemble qui sont visées : les pêcheurs, les chasseurs, les centres équestres, etc. C’est notre territoire notre identité qui est attaquée aujourd’hui donc c’est important d’être présent devant la préfecture de Pau pour défendre nos valeurs et nos cultures.

-Quel bilan fais-tu de ta temporada 2022 ?

-Sur le nombre de corridas ma saison a été courte mais intense : j’ai commencé en juin et j’ai terminé en septembre ; 6 corridas, des dates importantes à chaque fois, dans des arènes importantes comme Bayonne où j’ai coupé deux oreilles. Donc sur le plan comptable une année restreinte en nombre par contre importante en oreilles et en triomphes.

Comment abordes-tu ta saison prochaine ?

-Je la vois bien. Franchement bien avec les triomphes de cette temporada : ils vont forcément m’aider et m’ouvrir des portes pour l’année prochaine. Ils vont me permettre d’avancer de rentrer dans les grandes ferias aussi, ce qui est l’objectif sur le court terme. Je sais que ça va s’ouvrir; que ça va le faire!

-Les aficionados qui te suivent ont trouvé que tu avais évolué. As-tu le sentiment que c’est la réalité ?

C’est la réalité. Bien sûr j’ai évolué et j’espère évoluer encore beaucoup. C’est ce que j’ai cherché. J’ai cherché à évoluer dans mon toreo et dans ma façon d’être : dans ma façon de me positionner, de me placer devant le toro notamment. Au niveau du toreo il y a une évolution que je qualifierai de classique. Je veux rester dans cette direction. Je veux gagner en toreria. Je veux progresser dans tout ce qui englobe le toreo. Je veux gagner de maturité. Petit à petit l’oiseau fait son nid…

-Tu es né dans le petit village d’Asson, dans la montagne, qui n’a rien de taurin. Aujourd’hui tu as changé de vie…

-Je m’entraine à Madrid. Je vis à Madrid. Je suis à proximité de nombreux élevages. Pour moi c’est plus simple. Avant j’allais m’entrainer à Mont-de-Marsan mais j’avais les déplacements. Là je suis sur place au contact de nombreux professionnels de  qualité. C’est le cœur de l’Espagne les gens que je côtoie sont comme moi : ils ne vivent que pour la corrida. Ils sont là pour s’entrainer à 300% et pour progresser.

-Quitter sa famille, ses amis, son pays ça n’est pas facile. As-tu de l’amertume, des regrets ?

Aucun ! Je ne suis pas un genre de garçon qui a de l’amertume ou des regrets par rapport à ses choix. Je vais jusqu’au bout de ce que je veux faire même si je me trompe je n’aurai pas de regrets. Aucune amertume. Aucun regret.

-Tu as choisi Olivier Mageste, un montois qui vit à Madrid comme apoderado. Comme se passe votre relation ?

-Il m’apporte énormément. Ça n’est pas un apoderado comme les autres. Il m’a ouvert Madrid qu’il connaît très bien. Il m’a aidé à progresser en Espagnol. Il m’a ouvert la porte de certains élevages. Il m’a fait connaître des dizaines de personnes passionnantes et au niveau technique il m’a beaucoup apporté. C’est un aficionado passionné qui communique avec tous les toreros, tous les aficionados. Il m‘a apporté sur le plan professionnel et aussi sur le plan humain. Je m’entends très bien avec lui avec son épouse aussi. Ca n’est pas une histoire banale ; celle d’un torero qui prend un apoderado simplement pour trouver des contrats, c’est une histoire entre deux personnes passionnées qui aiment la corrida pour de vrai, s’apprécient et veulent aller ensemble au bout des choses.

Itw Pierre Vidal