
A 17h40, ce jeudi, Aymeric Caron est monté à la tribune de l’Assemblée pour retirer son projet de loi sur l’interdiction de la corrida. C’est l’ultime magouille perverse qui succède à trois modifications du projet concernant l’interdiction des combats de coqs: cette mesure étant expurgée dans une deuxième version puis réintroduite lors d’une troisième version et à une suite d’aménagements de la niche parlementaire LFI: l’abolition étant placée en quatrième rang, puis en troisième, puis en seconde position. Rarement dans l’histoire parlementaire on aura vu autant de magouilles (disons le mot), sans compter les pressions et menaces individuelle sur les parlementaires qui s’en sont plaint toutes tendances confondues.
Tout cela pour retirer le texte en pleine séance ce qui correspond à une défaite en rase campagne. Aymeric Caron s’est ainsi comporté comme un toro manso: celui qui refuse le combat, qui n’a ni courage ni honneur, qui cherche à fuir, à détruire et blesser dans cette fuite.
C’est lamentable pour la démocratie et je suis triste pour tous nos amis de gauche au vu du cirque pitoyable donné dans l’Assemblée. Cette attitude trahit leurs idéaux. L’Assemblée Nationale est un lieu sacré -elle devrait l’être en tout cas-, l’ultime rempart de la démocratie, le pilier des valeurs républicaines. Aymeric Caron l’a transformé en émission de téléréalité dans un but unique : la promotion de sa propre image avec, il ne faut pas l’oublier, le concours de la France Insoumise qui l’a sponsorisé généreusement. On ne peut pas se réjouir de ce naufrage du débat bien que l’issue nous soit favorable et que, de cela nous nous en réjouissons bien sûr.
Soit Aymeric Caron avait prévu son coup, soit ses “amis” de LFI lui ont forcé la main. Ils ne nous le diront pas évidemment. Prévoyant la défaite à plat de couture qui se dessinait à l’Assemblée et pour couper court au retournement très net de l’opinion, il a imaginé ce stratagème usant de cette stratégie victimaire dont il est coutumier. En réalité son but est atteint car monter à la tribune était son ambition profonde. Il y a dans cette obstination narcissique quelque chose qui tient de la névrose. Il a promis un second round. Ce ne sera pas pour demain et il lui faudra pour le mener être encore sur ces bancs ce qui est loin d’être gagné malgré sa vanité et les félicitations ampoulées qu’il a reçu de M. Corbières -il fallait bien remonter le moral du défenseur des moustiques. Il n’est pas sur que ce show ait plut à tous dans ces rangs eux-mêmes.
A toute chose malheur est bon : cette bataille a profondément modifié l’image de la corrida dans le grand public et c’est un point essentiel pour le futur. On nous regarde avec moins d’hostilité, avec même une certaine curiosité bienveillante. Nous trouverons ainsi de nouveaux aficionados venus d’autres horizons. Il faudra les accueillir. Il faudra savoir se montrer à la hauteur de ces nouvelles dispositions par notre ouverture d’esprit, notre dignité et surtout faire un effort de transparence. Surtout cette bataille a été menée dans l’unité et Aymeric Caron aura réussi l’exploit d’unir un milieu profondément divisé jusque-là. De cela il faut le remercier. Il nous a montré que l’union fait la force.
Il s’agit, maintenant que nous avons gagné cette bataille car nous l’avons gagnée, après que les aficionados colombiens aient gagné la leur et que demain les mexicains –comme c’est probable- retrouvent les gradins de la Monumental de tenir compte des leçons de cette expérience. Faire mieux et moins cher, avec encore plus de foi, d’entrega pour utiliser ce beau mot Espagnol.
Pierre Vidal