
Il est originaire d’Asson petite cité au pied des Pyrénées. Il n’a aucune origine taurine. C’est une vocation unique puisqu’il est le premier matador béarnais de l’histoire. Rien ne prédestinait Dorian à devenir matador et pourtant, malgré le COVID, il a déjà imprimé sa marque dans le public régional. Son courage d’abord lui a gagné les sympathies du public mais surtout la qualité de son aficion, la sincérité de sa parole et les progrès énormes qu’il a pu faire dans une durée très courte. L’an dernier, il a combattu six fois avec de beaux succès à Villeneuve-de-Marsan, Aire sur-L’Adour et surtout Bayonne (notamment). Il a conquis rapidement par ces qualités un public qui lui est désormais acquis et fidèle. Nous l’avons rencontré lors d’une récente et brillante soirée organisée en son honneur par le Club Taurin d’Arzacq. Ecoutons le faire point sur sa temporada 2022 :
«C’est une bonne temporada avec de belles après-midis, un très beau succès à Bayonne. J’ai eu la chance de toucher au moins un toro chaque fois que je me suis produit ce qui m’a permis de couper au moins une oreille. Au moins ! Donc une très bonne temporada, très intéressante : j’ai pu progresser, j’ai pu m’affirmer, gagner en expérience. J’ai senti la chaleur du public qui me pousse à continuer, à ne rien lâcher. Je n’avais pas la prétention de renter dans les grandes arènes. Ca réduit le nombre de corridas possible mais je n’ai donc aucune amertume : chacun va à son rythme, petit à petit. Ces six corridas se sont bien passées. Cette année, en 2023, je pense que j’en aurai plus. Il faut se les gagner petit à petit. Ca n’est facile pour personne. Je n’ai aucune amertume, je n’ai aucune injustice. Si je continue à avoir des triomphes, si je me le gagne, j’aspirerais à avoir plus de corridas.
-Comment envisages-tu ta manière de toréer ? Quel toreo veux-tu faire ? Est-ce plus clair à tes yeux maintenant ?
-J’ai toujours su ce que je voulais faire. C’est le concept d’un toreo classique, profond avec de la toreria. J’essaie de progresser dans ce secteur, d’amener plus de toreria : avoirs de multeazos plus verticaux, plus profonds ; templer au maximum mes toros et connecter avec le public pour aller chercher deux gros triomphes à chaque sortie.
-Tu as quitté Asson et tu habites désormais Madrid comment ça se passe là-bas ?
–C’est une vie très simple. Je m’entraine tous les jours : le matin je parts à la casa del Campo, au Batan m’entrainer avec Augustin Serrano et Olivier Mageste, du toreo de salon, de la course. J’ai la chance aussi de m’entraîner avec Uceda Leal. C’est un plus ; une proximité exceptionnelle. Je rencontre de nombreux maestros qui passent à Madrid. C’est passionnant de les croiser, de voir comment ils s’entrainent, leurs habitudes, etc. Mon quotidien est fait d’entrainements.
-Tu as choisi Olivier Mageste comme apoderado. Comment se passent tes relations avec lui ?
-Il m’apporte beaucoup : d’abord une connaissance profonde de ce qu’est la culture taurine et plus généralement de la culture espagnole. Il a énormément d’aficion. Très franchement on parle à 95% du temps que de toros entre nous. Il me permet aussi de rencontrer des gens que lui connaît que moi je n’avais pas la chance de voir ou de saluer. On a surtout une très bonne relation. Je ne sais pas si on peut parler d’amitié mais c’est un lien très fort : on se voit tous les jours. On ne se dispute jamais. On trouve toujours des nouveaux sujets de dialogue. C’est de la confiance : il a confiance en moi, j’ai confiance en lui. On a le même concept du toreo. Les mêmes ambitions. Le courant est passé très facilement. Il est passé de suite.
-Le 19 février en matinée tu vas combattre un toro de Gallon dans le cadre de la journée taurine organisée par le club taurin d’Arzacq. Est-ce que pour toi c’est un rendez-vous important ?
–C’est important bien sûr ! Déjà c’est combattre un toro et aucun toro ne peut être pris à la légère. C’est à Arzacq et je ne veux pas manquer de respect au club taurin d’Arzacq qui l’offre ce toro. C’est un beau cadeau. Pour eux et pour moi, je ne me permettrais pas de laisser passer un bon toro parce que ce jour-là je n’ai pas envie de faire l’effort. Pour eux, pour les remercier mais aussi pour moi, c’est un peu égoïste : je veux être fier de moi, comme tout torero je me dois d’aller plus loin, de dépasser mes limites. Donc ce n’est pas juste un toro « comme ça ». Il y aura du public. J’ai envie que l’on passe tous un bon moment. Je donnerai tout comme d’habitude le 19 février au matin à Arzacq. Je ne veux décevoir personne et surtout je veux, moi, ne pas me décevoir.
Itw Pierre Vidal
