
Nous avons pu rencontrer le torero à l’occasion de la présentation de l’affiche de la corrida de La Brède et nous lui avons d’abord demandé ce que représentait pour lui le Sud Ouest.
El Rafi : “Pour moi, le Sud Ouest, ses arènes, les plus grandes comme les plus petites, c’est d’abord un rêve. Quelque part, c’est comme si je voyageais. Le Sud Ouest c’est autre chose, son aficion n’a pas les mêmes goûts, c’est différent que de toréer chez moi à Nîmes ou à Arles. Cette sensation je l’ai depuis bien longtemps, du temps où je partais avec Patrick Varin et l’école taurine. J’avais douze ou treize ans et les toros me donnaient la liberté de venir ici dans le Sud Ouest. Je quittais ma région, ces voyages étaient pour moi comme une aventure. Pouvoir y retourner maintenant comme matador de toros ça me donne envie de montrer la dimension de torero que j’ai et celle que je veux avoir. J’ai encore beaucoup à apprendre car je n’ai pas encore autant toréé que ça, toréer ici va me permettre de continuer à évoluer comme torero.
-Tu vas affronter à La Brède une corrida de Robert Margé, que pourrais-tu nous dire de ces toros ?
–J’ai pu aller au campo chez lui, j’ai torée une corrida l’année dernière à Nîmes avec un très grand toro de Robert qui m’a permis de m’exprimer, de dire mon toreo. Je lui ai coupé les deux oreilles. Mais j’ai aussi affronté un autre toro dont on parle moins mais qui est certainement le toro qui m’a fait le plus travailler, il était difficile, très dur, m’a contraint à me battre et m’a demandé les papiers.
Pour moi, devant les toros de cet élevage, c’est comme pour tous ceux des grandes ganaderias : il faut être prêt à tout. Il peut y avoir un toro de grand triomphe mais aussi celui qui te pose des problèmes et qui va être très exigeant. Mon objectif, ce pourquoi je travaille, c’est de pouvoir toréer tous les toros.
-Tu es à l’affiche avec deux autres jeunes toreros français, Clemente et Dorian Canton, comment vis-tu cette concurrence ?
–Pour moi, pour la tauromachie, je trouve que la jeunesse c’est important, autour et à l’intérieur des arènes. Je crois que quand on est trois jeunes à l’affiche beaucoup plus de jeunes peuvent s’identifier à nous et s’intéresser à ce spectacle, un spectacle atypique aujourd’hui mais qui a un patrimoine, une culture, avec une identité forte. Quand un jeune de mon âge va voir une corrida c’est bien qu’il voit aussi des jeunes en tant qu’acteurs du spectacle.
Concernant la concurrence entre nous, quand on trois jeunes coqs on a envie de se battre, c’est normal et c’est sain. Même si pour moi, quand on est dans l’arène, il n’y a plus de nationalités, « le toro ne te demande pas les papiers » comme l’on dit. Si on est à ce cartel ce n’est pas par chauvinisme, ni pour établir des quotas, si on y est tous les trois plus un ganadero français c’est parce qu’on mérite nos places.
On peut aussi être fiers de ce qu’on construit nos prédécesseurs, avoir un cartel comme celui-ci c’était bien plus compliqué il y a quarante ans.
-Quels sont tes objectifs pour 2023 ?
–Toréer le plus possible, affronter le plus grand nombre de toros, transmettre des émotions, pouvoir m’exprimer en tant qu’artiste, en maximisant toutes les chances qui me seront données. Je n’ai pas d’objectifs statistiques mais j’en suis à mes débuts comme matador et évidemment j’ai besoin de triompher.
-L’Espagne est-elle en ligne de mire ?
–Elle l’a toujours été, comme novillero j’ai toréé dans toutes les grandes arènes espagnoles et j’ai envie d’y revenir, de me présenter en tant que matador. Malheureusement depuis que j’ai pris l’alternative ça n’a pas été possible mais je me dis qu’en triomphant chez moi bientôt je passerai les Pyrénées.
Suerte torero !

Propos recueillis par Antonio Arévalo