Plaza de toros de la Real Maestranza de Caballería de Sevilla. Samedi. Sixième de la Feria de Abril. Casi lleno.

Toros de Victorino Martínle cinquième vuelta al ruedo. 

MANUEL JESÚS ‘EL CID’, vuelta al ruedo et oreille. 

MANUEL ESCRIBANOovation et deux oreilles. 

EMILIO DE JUSTOoreille et ovation après avis. 

Le banderillero Lipi a salué au quatrième.

Vuelta de “Patatero” le cinquième Victorino (JY Blouin)

Enfin un lot de toros complet, bien présenté d’abord dans le type, plus Santa Coloma que Saltillo, pas trop lourd mais charpenté ; le sixième fuera de tipo. Trois d’entre eux ont montré la face spectaculaire et agréable de la ganaderia, noble avec de la classe : le mufle rasant le sol en répétant leurs charges (le 3ème, 4ème et 5ème). Deux autres ont vendu chèrement leurs peaux (2èmeet 6ème): violents, se retournant comme des tigres et ne pardonnant rien aux toreros mais émouvants en raison du danger qu’ils portaient. Le premier, maniable un ton en dessous.

Photo JY Blouin

Il est des retours superflus, de ceux qui n’ont plus rien à dire et qui prennent la place de plus jeunes, ce n’est pas le cas du Cid qui a retrouvé une certaine fraicheur, une joie de toréer et surtout sa main gauche magique, marque fondamentale du bon toreo. Il en usa toute la soirée devant deux adversaires qui lui ont permis de montrer le meilleur de cette tauromachie à la fois dominatrice et plastique qui lui est propre et qui, malgré une certaine froideur, a laissé de beaux souvenirs. Même si les épées ne furent pas parfaite –ça n’a jamais été son fort- il fut largement plébiscité par la Maestranza qui n’a pas oublié ce qu’il nous a apporté.

Photo JY Blouin

Grande tarde de Manuel Escribano qui domine tous les tiers puisqu’il est allé à puerta gayola et a parfaitement banderillé ses deux adversaires. A la muleta il s’est battu comme un lion face au second, le plus vicieux de l’ensemble, ne lâchant rien malgré une succession d’avertissements. Tant de courage fit l’admiration de tous. Mais surtout, il sut se montrer à la hauteur du cinquième, une crème, qu’il l’a toréé avec une lenteur inouïe ; à gauche surtout. Plusieurs séries de « scandalo » à « caméra lenta » auxquelles Séville ne résiste pas (et nous non plus). Il a ainsi montré une facette artistique qu’on ne lui connaissait pas et cette révélation dans ce lieu prestigieux devrait relancer sa carrière : rappelons qu’il reste éloigné de Madrid où il n’a pas eu sa place cette année et qu’il sera absent des ruedos français. Il a montré que cet éloignement était injuste et qu’il fallait compter avec lui.

photo JY Blouin

Emilio de Justo a su profiter des avantages du troisième, noble et encasté: de belles séries à gauche surtout pour lui aussi. Il bénéficie d’un préjugé favorable au Baratillo où ses mérites sont reconnus et où on apprécie ses belles manières : sa volonté de bien faire les choses, en torero classique. Une épée desprendida ne l’a pas empêchée de couper un trophée. Il est tombé sur un os pour le final de cette tarde de feu. Lui aussi s’est arrimé face au mal léché de chez Victorino. La faena très prenante alla de menos à mas Emilio obtenant du rétif qu’il se plie à son poignet pour d’ultimes séries exposées. Hélas il perdit les papiers avec l’estoc et ne put rémater sa soirée.

3 heures d’un spectacle haletant.

Pierre Vidal