Ginés Marin par JY Blouin

Plaza de toros de la Real Maestranza de Caballería de Sevilla samediOnzième corrida de la Feria de Abril. Lleno.

Un toro de Passanha pour rejones, et six toros de « El Torero »para la lidia à pied. Le troisième ovationné à l’arrastre, le sixième sifflé.

Le cavalier en plaza  ANTONIO RIBEIRO TELLES, ovation et saluts ;

MORANTE DE LA PUEBLA, oreille et ovation et saluts du burladero;

CAYETANO, silence après avis et silence;

GINÉS MARÍN, deux oreilles et saluts.

Saluèrent auxbanderilles : Antonio Manuel Punta et Fernando Pérez au troisième de la lidia à pied et Manuel Larios au dernier.

Bien dans son type, correspondant aux critères esthétiques sévillans, sérieuse la corrida d’El Torero (celle qui a été lidiée à pied) a eu un comportement varié et au final un bilan mitigé. Il y a eu de bons toros les seconds, noble mais à menos, le troisième complet brave à la pique avec de la codicia et spectaculaire dans ses charges. Le premier abanto et manso, le quatrième sur la défensive, le cinquième violent et désordonné, le sixième noble mais faible.

JY Blouin

Malgré cet ensemble médiocre en définitive nous avons vécu une nouvelle soirée entretenida. On la doit d’abord à la générosité dont fait preuve désormais Morante qui domine le toreo contemporain de la tête et des épaules et qui assume avec bonhomie ce rôle de premier plan. Là où par le passé, tant de fois il aurait plié les gaules, il s’arrime désormais et tente de transformer le plomb en or. L’Alchimiste de la Marsima  y arrive le bougre et de son premier toro, sur lequel personne ne plaçait le moindre espoir,  il sut mener un travail estimable du début jusqu’à la fin. Ce fut un animal fuyard dans les capes et sous le fer, mais el de La Puebla sut l’assujettir dans une faena sans doute moins spectaculaire mais bien menée qui alla à mas avec des séries ajustées et qui firent sensation. Entière et oreille à la science du torero. A son second passage, il tenta tout face à un manso aux forces et à la race limitée. Cette entrega, cette générosité, il faut dire le mot, Séville la perçut et le public fit une nouvelle ovation au torero de La Puebla.

JY Blouin

Peu de conviction chez Cayetano qui doit sa présence essentiellement au nom qu’il porte et aux antécédents glorieux dont il est l’héritier. Sans jamais s’engager vraiment il est passé à côté de son premier qui avait des options et le second, une carne, l’a mis en difficulté. Un nom, et une généalogie comme la sienne, néanmoins, cela se respecte et le public se montra poli avec lui. N’est-il pas l’arrière petit fils du Niño de la Palma, petit fils d’Antonio Ordoñez et fils de Paquirri..?

Beaucoup d’ambitions chez Ginés Marin. Elle est légitime. Le jeune homme que l’on a connu emprunté sur la réserve s’affirme et son toreo engagé et lucide lui a permis de bâtir un travail complet qui a transmis aux gradins. L’ensemble fut bien mené face à un adversaire d’exception mais c’est avec la main gauche que Ginés sut atteindre les sommets dans des séries très lentes, plastiques aussi preuve d’une personnalité et d’une sensibilité artistique que l’on n’avait pas discernée chez lui. Un estoconazo dans les canons achevèrent de convaincre le respectable et le président qui lui céda en toda ley le second trophée. La Porte du Prince entrouverte Ginés se battit comme un lion face l’ultime El Torero décasté et faible, il en tira, aux planches, quelques derechazos isolés montrant ainsi sa décision et tua en deux temps.

Ginés Maris par JY Blouin

Ainsi cette féria de Séville restera historique car non seulement elle consacre de grands noms du toreo comme Morante de la Puebla, Daniel Luque ou Andrés Roca Rey mais elle conforte les espoirs d’une génération montante on pense à Tomas Rufo, Manuel Escribano et ce soir à Ginés Marin à deux doigts de la gloire donnée par la Porte du Prince mais si convainquant…

Ainsi le toreo vit un nouvel âge d’or.

Pierre Vidal

PS Le caballeiro Antonio Ribeiro Tellez a fêté ses quarante ans d’alternative en préambule. Classique et sobre, ce fut un moment qui fit honneur à la tauromachie portugaise qui a, elle aussi, sa grandeur et subi d’idiotes persécutions.