Spectateur présent à Azpeitia il me semble nécessaire de tirer  trois leçon de cette feria de trois jours, la plus proche de la frontière, et qui attire de nombreux compatriotes.

Photo Tierras Taurinas

1-Une chose essentielle : la réussite commerciale. Avec des cartels dit faibles et malgré l’absence de Morante de La Puebla –c’est-à-dire sans les figuras à l’exception de Luque-, il y a eu de magnifiques entrées, ¾ le dimanche, 2800 entrées payantes le lundi pour le retour de Murteira Grave et un lleno de no hay billetes historique le mardi. Les trois corridas étaient télévisées en direct par Onetoro –ce qui avait été déjà le cas une fois dans le passé- et cela n’a rien enlevé au succès publique. L’idée que la télévision est nuisible au spectacle est donc une nouvelle fois battue en brèche (comme nous l’avons dit souvent ici). Précisons tout de même qu’il s’agit d’une arène dont la capacité est réduite : près de 4000 entrées. Ce résultat conforte la tauromachie dans le Nord, (nous verrons ce qu’il en sera de Bilbao et Saint Sébastien), il montre aussi ce que peut réaliser une organisation indépendante des grandes empresas régnantes sur l’essentiel du marché.  

Toro d’Ana Romero (capture d’écran, twitter, adressée par un lecteur)

2-Azpeitia était une des temples du toro toro. Il y a cette année beaucoup à dire sur la présentation et franchement nous ne nous attendions pas à cette décadence –télévisée de plus. Les tares des corridas modernes semblent y avoir été adoptées : à commencer par le tiers de piques systématiquement escamoté et réduit à sa plus simple expression : aucun toro sur les 18 ne prenant deux piques. Mieux données, avec une plus grande valorisation du tiers il aurait été possible de faire mieux –lors de la corrida de Murteira notamment. Critiquable la présentation : manque de trapio pour les Ana Romero comme pour les toros de La Palmosilla et surtout les têtes défectueuses –parfois outrageusement. Seule la corrida de Murteira Grave est à sauver d’autant qu’elle fut la seule réellement encastée.

Colombo aux banderilles;

3-Cela dit la féria Basque a eu son intérêt grâce aux toreros qui dans l’ensemble ont fait un effort. Nous retiendrons la grande faena de Diego Udiales le premier jour dans un moment de grâce qui a montré à ses détracteurs qu’il était un des gardiens du temple -le classicisme- les plus sérieux dans ses bons moments. La juvénile exubérance d’Enrique Colombo que l’on a vu dans sa meilleure version sur son second toro de Murteira –le toro de la féria-, a emballé le public. Elle aurait dû être mieux primée. La faena d’école de Daniel Luque –providence des organisateurs- au cinquième de La Palmosilla sur lequel personne n’aurait misé un kopeck à sa sortie mérite notre admiration aussi. Globalement la féria a permis de découvrir des toreros que l’on voit peu : cette variété en a fait l’intérêt et n’a pas nui à sa réussite. Au contraire.

Un mot pour la terrible blessure de Candido Ruiz subie le premier jour. Le banderillero de David de Miranda est toujours dans un état grave à l’hôpital de Saint-Sébastien : la corrida reste un drame quel que soit le toro sorti en piste.

Pierre Vidal