
De bonnes nouvelles sur le front des retransmissions télévisées des corridas. Un front primordial car, sans la présence de cet outil, l’avenir de la tauromachie sera encore plus compromis qu’il ne l’est déjà pour des raisons essentiellement politiciennes comme nous l’avons souvent écrit ici.
De bonnes nouvelles donc avec pour commencer le retour inattendu de Onetorotv, la chaîne payante spécialisée que l’on pensait moribonde et qui a trouvé en France le lieu inattendu pour rebondir. Nous avons pu le voir à Arles qui, en cette affaire, a parfaitement joué le jeu. Ce fut un succès artistique une belle promotion de la cité et public. Alès puis Vic-Fézensac prendront le relais ce qui permettra de donner un coup de projecteur supplémentaire sur la tauromachie française, certes minoritaire, mais bien ancrée dans le sud de la France. La chaîne poursuivra-t-elle sur cette ligne ? Elle semble en tout cas renaître de ses cendres et sera présente à Villaseca de la Sagra.
Plus important encore : l’arrivée sur la scène taurine de plusieurs des télévisions dites autonomes, c’est-à-dire dépendant des régions plus indépendantes chez nos voisins que dans la France jacobine.
TéléMadrid assurera l’intégralité de la retransmission de la féria de la San Isidro et, nous assure-t-on cela sera visible partout par l’intermédiaire d’internet. Elle sera secondée par Castilla La Mancha -CMMTV- les précurseurs. CanalSur entrera dans le saint des saints en retransmettant trois des corridas de la féria de Séville ; quand on connaît le conservatisme des Maestrantes et de leurs gérants c’est un exploit. Et miracle : dans la foulée, s’inscrivent d’autres chaînes autonomes comme Aragontv qui n’en n’avait retransmis qu’une seule l’an dernier (Huesca) et qui annonce une douzaine de directs entre mai et juin. La 7, télévision autonome de la région de Murcie pourrait revenir dans les ruedos et on évoque le retour de Onetorotv à Madrid (du passé faisons table rase !).
Ponctuellement on peut comprendre l’angoisse des petits organisateurs qui craignent une concurrence dangereuse : la télé ça ne coûte pas cher et ça ne demande pas d’efforts… Sur le fond on voit que toutes activités sportives ou culturelles qui ont un poids ont accès à la lucarne magique qui assure leur pérennité et leur popularité. La télé ça ne nuit ni au foot (les grands clubs ont leurs propres chaînes), ni au rugby, ni à la musique, ni à la chasse, ni à la pêche, etc.
Il faut donc se réjouir de la disparition de cette exception qui n’était rien d’autre qu’une exclusion ou pour le dire autrement une censure. D’autant qu’il s’agit d’un spectacle très télévisuel qui se prête par sa beauté mais surtout par sa dramaturgie à ce qu’attend le téléspectateur. Les résultats des chaînes qui s’y sont essayés sont là. Il n’y a pas de hasard c’est attiré par ce succès que tout le monde se lance dans l’affaire.
Alléluia ! Il faut désormais trouver un modus vivendi solide et équitable par la négociation entre toutes les parties (toreros, subalternes, ganaderos, empresas et les télés). L’esprit de responsabilité doit présider à ces discussions en prenant en compte le contexte dans lequel nous sommes car l’important c’est de durer.
Pierre Vidal