
Le public avait répondu présent avec un gros tiers de plaza pour cette première soirée taurine estivale au Puerto. Trois exemplaires de Yerbabuena et trois de Toréalta étaient proposés aux apprentis toreros de diverses écoles andalouses. Certes la caste était un peu absente, le cinquième de Yerbabuena totalement manso, le dernier de Toréalta certainement le meilleur,mais tous utilisables et certains nobles.
Antonio Santana : une oreille
Manuel Luque « El Esquisito » une oreilles
Javier Torres « Bombita » deux oreilles
Miguel Vasquez une oreille
Alfonso Morales vuelta al ruedo
Carlos Ortega deux oreilles.

Une fois de plus la moisson d’oreilles peut paraître exagérée mais il faut bien savoir que beaucoup de novilleros ont leurs équipes de suiveurs qui réclament systématiquement et que pour la plupart des spectateurs, à partir du moment ou le toro meurt que ce soit au premier ou au deuxième essai et quelque soit la qualité de l’estocade le pavillon doit tomber pourvu que la faena n’ait pas été trop désagréable. Ce fut exactement ce qui se passa pour les quatre premiers qui toréèrent sans peine ni gloire sur les deux bords des erales plutôt commodes. On assista à un travail propre et sans génie la collocation des épées étant plutôt douteuses.
Le cas des deux derniers novilleros est nettement plus intéressant. Alfonso Morales c’est coltiné le pire du lot, un manso de gala intoréable au capote, qui s’est livré à une impressionnante série de saut de cabris après la première paire de banderilles. Le toro ne voyait qu’une chose les planches pour s’y réfugier. Le jeune torero de Jaen sut lui faire découvrir la muleta et oublier un peu la querencia. Morales réussit à tirer des séries complètes à droite comme à gauche lui cachant en permanence la vison des tablas. Le stratagème marcha un bon moment avant de devoir se résoudre à toréer dans la quérencia et clôturer une faena à mon avis importante d’engagement et de poder. Malheureusement la malchance aux aciers privera Morales d’un succès mérité.
Remarquable aussi la prestation du jeune portuense Carlos Ortega. Certes il a probablement hérité du meilleur du lot mais il sut l’exploiter. L nous a servi le meilleur toréo de la soirée tant de capote que de muleta. En particulier sur la corne droite torero et toro se lièrent parfaitement dans de belles séries en rond très templées qui nous firent oublier les deux heures et demi passées sur la pierre surchauffée. Ortega est élégant dans sa tauromachie et souverain dans son dominio sur le toro. Pour ne rien gâter l’estocade fût parfaite et les deux oreilles parfaitement méritées.
Demain nouveau tour de chauffe avec la seconde novillada sans picador en attendant vendredi le bal des figuras.
Jean Dupin