
Mimizan, samedi. Plus de 1/2 entrée
Toros de Pagès Mailhan le quatrième bis.

Morenito de Aranda, palmas après avis et oreille

Juan de Castilla, oreille et palmas;

Samuel Navalón, palmas après avis et silence après deux avis.
Il manquait du monde aux arènes du Courant refaites à neuf, dans le cadre superbe de la pinède qui les jouxte. Les organisateurs étaient en concurrence avec le choc des citadelles occitanes Bordeaux-Toulouse, qu’en ce pays de « béchigue » personne ne voulait manquer. Ils étaient aussi tout simplement victime de la canicule qui sévissait dans les cités avoisinantes, alors que sur la « perle » un zénith rafraîchissait l’atmosphère. Evidemment il fallait le savoir… et pour le savoir avoir fait le déplacement.

Ensemble disparate de Pagès-Mailhan avec trois exemplaires qui avaient belle allure et les autres plus discrets. Le quatrième se cassa la corne à la sortie, il fallut le changer, dommage, car ce jabonero avait une belle gueule. Le sobrero s’avéra pourtant le plus complet du lot. Tous allèrent deux fois à la pique, le cinquième provoquant un batacazo de la pièce montée. Une corrida austère dans l’ensemble: le premier sur la défensive, le second noble, le troisième sans transmission, le quatrième vibrant, le cinquième brave mais arrêté rapidement et le sixième plus complet dura trop peu.

Morenito de Aranda se montra discret dans un premier temps, abordant avec circonspection et sans mouiller le maillot le premier des ¨Pagès Mailhan qui encensait avec des intentions douteuses. Il en faut plus pour déstabiliser ce grand professionnel qui eut pourtant du mal à conclure au descabello. Il prit sa revanche par la suite face au toro le plus propice de la journée qu’il passa avec aisance dans un premier temps par véroniques puis à la muleta. Faena sobre mais engagée qui alla à màs pour connecter avec le public enchanté. Le « pt’it brun » conclut en deux fois et coupa une « grosse » oreille (selon la terminologie taurine).

Belle découverte pour beaucoup que celle du jeune Colombien Juan de Castilla qui, dans un style pas toujours orthodoxe mais enthousiaste, embarqua les gradins à la cape d’abord par chicuelinas puis à la muleta. Il débuta sa première faena au centre à genoux embarquant l’animal et les tendidos d’emblée. Travail habile plus que profond mais prenant tout de même par son engagement et le charisme de son auteur. La conclusion par manoletinas données à genoux (évidemment accrochées) fit sensation. Il tua en deux temps lui aussi et coupa une oreille. Discret par la suite, il fit un effort face au quatrième mais au vue de l’inanité de l’adversaire, il prit rapidement l’estoc: un pinchazo, une entière.

On reste sur notre faim avec la venue de Samuel Navallon que l’on nous avait décrit comme le futur phénix de l’escalafon. Il le deviendra peut-être… Il fut discret cette fois, à son premier passage surtout face à un animal incommode c’est vrai mais il eut de bons moments face au dernier. Il montra alors qu’il voulait bien faire les choses et que c’est un muletero sûr mais il y avait le match… et sa faena à rallonge (il entendit un avis muleta en main) lassa le respectable qui au final s’en désintéressa. D’autre part il connut lui aussi des malheurs avec le verdugo si bien qu’il entendit deux avis et que l’on faillit manquer le coup d’envoi…
Merci aux organisateurs et aux bénévoles qui peuvent dire une année de plus: la « Perle de la Côte d’Argent » a eu sa corrida c’est une terre de mission en réalité pour la tauromachie espagnole et rien n’y est acquis si on ne s’y relève pas les manches. Courage, on reviendra plus nombreux l’an prochain…
Pierre Vidal
Photos Roland Costedoat.