
Saragosse (Aragón, España). Jeudi. Coso de la Misericordia. Sixième de la Feria del Pilar. Mano a mano. Toros de Garcigrande (4° , 5°), Hnos. García Jiménez (1° , 6°) et Domingo Hernández Martín (2° , 3°). Lleno.
Agustín de Espartinas et Mariano Ruiz oont salué.

Sebastien Castella: Silence après avis oreille et deux oreilles.

Aarón Palacio: Oreille, oreille et pétition de la seconde après avis et silence.
Quelques secondes avant le début de la corrida on bataillait ferme devant la taquilla de la calle Pignatelli pour arracher un billet « pour Morante » attendu vendredi. Cinq minutes après le paseo la nouvelle tombait sur les « rézos » sociaux : Morante tombait d’un cartel incertain puisqu’on ne sait pas si Cristiano Torres, qui devait prendre l’alternative de la main du cigarrero, ni même si Manzanares seront du défilé ce vendredi. José Antonio a prétexté des douleurs au bras mais rassurez-vous dimanche à Madrid, il ne les aura plus. L’attitude est irrespectueuse vis-à-vis du bon public Maño qui attendait son nouveau Messie ; elle montre aussi pourquoi Morante ne sera jamais un toreo d’époque : son irresponsabilité, sa légèreté, sa vanité aussi car Madrid vaut plus que la capitale aragonaise. Aurait-on vu José Tomas agir avec tant de frivolité vis-à-vis de ses engagements ?

Dans l’enceinte peine comme un œuf on attendait la consécration du torero local Aaron Palacio, on n’imaginait pas que Castella pouvait terminer « a lo grande » une saison qui a connu ses hauts mais aussi ses bas. La présentation de six éléments venus de trois élevages dits commerciaux fut diversement accueillie : le second anovillado protesté, le quatrième excessivement charpenté et le sixième armé pointu. Au comportement il y eut de tout mais disons-le, Sébastien eut de la chance au sorteo, ses trois toros 1er de Garcia Jimenez 3ème de Domingo Hernandez et 5ème de Garcigande, nobles, furent les plus solides dans une course marquée par la faiblesse générale. La prime au cinquième…

Sébastien Castella s’accorda parfaitement avec ses trois adversaires et donna, sans jamais faire de concession, une leçon de toreo à un public venu soutenir son compatriote Aaron mais qui se rangea bien vite du côté du toreo de Béziers, reconnaissant son talent et son exigence. Je dis exigence car tout est pensé, pesé, réfléchi chez Castella, c’est un toreo d’école où domine le sang-froid, la raison et la géométrie. S’ajoute à cela une élégance dont il ne se départ jamais qui donne la note esthétique à l’ensemble de ses travaux. Il semble que mieux ne soit pas possible et que plus grand de nos toreros français ait atteint des sommets inviolables.
A la cape Sébastien accéda au zénith : jamais le tissu ne fut touché et même s’il resta dans un registre classique, fondé sur la véronique et sa demie elles furent toutes à encadrer tant elles étaient exécutées dans un rythme parfait, par le bas – geste ample et en même temps engagé-, conclues, ces séries magiques, par des remates originaux souvent donnés d’une main. A la muleta le registre de Castella est extrêmement rigoureux fondé sur le derechazo et la naturelle données dans des séries rythmées citées de loin sans jamais abuser du toro (aux forces limitées hier). Le point faible du français c’est l’épée qui l’a privé d’un premier trophée. Mais il surmonta par la suite cette carence qui masque sa dimension véritable et il tua parfaitement ses deux adversaires suivants d’entières, bien portées, en place ; rien ne pouvait limiter ce triomphe qui fera date. Reviendra-t-il ce vendredi ? C’est une hypothèse…

Encore bien vert le jeune Aaron Palacio fraternellement supporté par son public, mais bon ! la comparaison -qui ne manque pas de se faire dans un mano à mano- était difficile à assumer pout le jeune aragonais. Il tomba sur le mauvais lot et il fit avec. Il montra ses bonnes intentions en allant à puerta gayola au sixième et toréant à genoux -pas forcément à propos- le bison de la soirée sorti en quatrième. Il tua d’estocades en places et entières ses deux premiers adversaires et coupa ainsi deux trophées qui lui permirent de sortir la tête haute de ce duel perdu d’avance. Mais on apprend de ses défaites surtout lorsqu’elles sont honorables…
Isnt’it ?
Pierre Vidal