Pour El Cid, marine et azabache.

Manuel Escribano, Obispo y oro.

Manuel Ponce qui prenait l’alternative, bleu y oro.

Lleno absolu, grand beau temps sur cette arène blanche pointe extrême de l’Espagne, sur fond de palmiers. Rendue à la corrida après un long temps d’abstinence du à un maire antitaurin.

Spectacle de plus de trois heures émaillé de quantité d’évènements : absence de banderilles restées dans le camion au premier toro, batacazo impressionnant au 6éme, jet à terre de sa muleta à la fin de ses deux faenas par le nouveau matador, tous les tercios de banderilles ont été très intéressants , un quiebro por dentro d’Escribano au 5ème.

Quatre grands toros nobles et braves avec une vivacité formidable, le 1er le moins intéressant et très violent le 6ème. Lot encasté , qui  a donné beaucoup de possibilités aux toreros, .

El Cid, ovation et salut au tiers après un avis, et Indulto de Harpia n° 85 (trophées maximum).

Escribano : deux oreilles et deux oreilles et la queue.

Manuel Ponce : applaudissements et deux oreilles de sympathie.

Ricardo Gallardo a de quoi être content, il avait envoyé un lot de toros bien faits, bas, aux armures assez commodes mais au caractère très affirmé, vifs allant tous a mas sauf peut être le premier qui échut pour son alternative au torero de la tierra, né à Chiclana(comme le ganadero !). Ce Manuel Ponce né en 95 a débuté sa carrière de novillero en piquée à Aguascalientes (Mexique). Il a une  muleta autoritaire, voulait vraiment ne pas rater sa soirée mais il a très mal tué et même le 6eme auquel il a donné une faena sérieuse et engagée. Il a eu besoin de 3 pinchazos avant de tuer d’une entière. Ajoutons qu’il a des attitudes un peu fier à bras qui , comme spectateur, m’agaceraient  .

Les grands gestes de défi au public quand il ferait mieux de se concentrer sur ses gestes avec devant soi un toro très solide ne peuvent pas le rendre très sympathique à un public enclin certes à l’indulgence mais qui a laissé échapper quelques sifflets quand le jeune homme s’est vu octroyer deux oreilles. 

El Cid a toujours une main gauche formidable.  Il a eu un peu trop confiance dans son premier qui a failli deux fois l’accrocher, trop confiant dans sa technique indéniable. A son second, une pure merveille de toro, nommé HARPIA (allez donc voir ce qu’est une haripie, en dehors d’une femme insupportable) Manuel Jesus nous a régalés , on ne savait plus que dire pour admirer ce toro qui faisait l’avion à la moindre sollicitation, par la droite, par la gauche, franc comme l’or, ne laissant pas le moindre répit au matador qui s’est fait un plaisir fou  tout au long de la faena. Grand toro, grand torero, des mouchoirs sortent pour l’indulto que la présidence ordonne alors que le Cid a déposé un baiser du bout du doigt sur le frontal de HARPIA .

Mais ce toro ne voulait pas sortir ; il cherchait qui pourrait bien encore lui offrir son capote ou une muleta. Après plusieurs approches de la porte, comme à regret, Harpia et reparti.

Manuel Escribano , souriant et décidé nous a offert deux faenas formidables, la première primée de deux oreilles incontestables a permis au maestro de nous monter son talent de banderillero. Or ce toro était noble mais avec de temps a autre des mouvements de tête qu’on aurait pu attribuer à du genio.  Le toro est d’autant plus dangereux que le vent s’est levé et soulève la muleta.  Manuel aguante et soumet l’animal.  L’épée est entière et d’effet rapide. Deux Oreilles.

Toro apllaudi à l’arrastre.

Le 5ème, noir bragado meano , bien reçu par le capote élégant d’Escribano, file d’emblée sur la cavalerie à peine rentrée dans le ruedo et pousse fort, en brave.

Manuel prend les palos et sur les trois bonnes paires qu’il place la plus extraordinaire est la troisième, un quiebro por dentro de grande classe et émotion : le public est debout. A la muleta l’entame est une série de passes changées au centre (6 passages, devant, derrière, final en pecho).

Le toro met bien la tête, de bout en bout, le maestro exerce ainsi son vrai pouvoir en le gardant près de lui qui tourne et vient sans hésiter. En deuxième partie de faena il m’a semblé remarquer une légère perte de rythme, et pourtant sur ordre du matador le toro démarre au moindre toque.

Et comme c’est la fête, deux oreilles et la queue après un grand volapié. Vuelta au toro, qui dit mieux ?

Alors on peut se risquer à un ton en dessous en disant : l’indulto à HARPIA pourquoi pas, mais la queue du 5eme est de trop et les deux oreilles à l’impétrant sont très exagérées.

Ne boudons pas notre plaisir et suivons ce que disait Joaquim Moeckel l’avocat de la cause taurine en Espagne : «  la corrida c’est la fête et  elle est destinée au public , regardez ce soir, il n’y a pas une place ».

Jean François NEVIERE