El Rafi devant le toro n°188 de Robert Margé, qui va lui permettre de couper sa première oreille. ©JYB
Lorsqu’on a connu Raphaël Raucoule – El Rafi – seulement par ses prestations médiatiques lors de la triste affaire Caron, on avait noté son sérieux et son charisme. De cette affaire il ne regrette rien, même si elle l’a fait connaître. Il ne pense pas qu’elle lui ait valu des contrats supplémentaires, d’ailleurs il n’en aurait pas voulu : il s’engageait pour la défense de la tauromachie et non par intérêt personnel. Et puis sa place dans les cartels on se la gagne face au toro dans l’arène et non sur les réseaux sociaux.
Le rencontrer permet de confirmer cette image : personnalité forte, un charisme évident et en même temps une attention aux autres qui impressionne !
S’il évoque sa formation, c’est pour souligner qu’elle a commencé à l’âge de 10 ans, même s’il avait accompagné son grand-père qui s’occupait des torils aux arènes de Nîmes bien avant. Le déclic semble s’être vraiment produit lors de son passage au CFT et la rencontre avec Patrick Varin qui a tout de suite décelé ses qualités. Et sa formation continue encore aujourd’hui car comme l’explique le coach : « il faut 10 ans pour former un torero » et « on n’arrête jamais de se former car tous les toros sont différents au long d’une carrière ». Et 10 ans après, Patrick Varin est encore là même si ce n’est plus dans le rôle de formateur mais de conseiller.
Quant à ses parents ils lui ont imposé le contrat : passe ton bac d’abord ! Ce qu’il a fait, mais le lendemain (ou presque), il partait aux toros !
De novillero il a connu des triomphes à Nîmes, à Valence, mais à Madrid il est sorti le jour où Rufo a triomphé ce qui a masqué sa prestation. Il a également toréé en novillada à Vic et en corrida à Alès, ce qui indique bien une volonté qui se confirmera cette année de prendre tous les encastes.
C’est ainsi qu’il sera annoncé dans 9 cartels en France à ce jour dont : Alès (toros de Valverde, Pagès-Mailhan, Tardieu), Vic (avec les Los Manos), Dax, Istres (toros de Pagès-Mailhan), Eauze, Mimizan etc. Un contrat en Espagne est également signé mais sera dévoilé par l’empresa des arènes.
Rappelons qu’en 2022 il avait toréé 5 corridas et en 2023, 10.
En attente, bien sûr, la confirmation à Madrid, mais rien n’est acquis à ce jour et peut être aussi ce n’est pas d’une urgence absolue. Il n’est pas encore allé en Amérique du Sud, mais ne veut y prendre que les grandes arènes : dans les pueblos, il y a trop de toros de média casta qui ne permettent pas.
Rafi avoue ne pas avoir une idole particulière dans le monde des figuras : bien entendu, El Juli qu’il a souvent vu à Nîmes l’a sans doute marqué, mais il admire le torero qui est a gusto devant le toro et qui réalise une belle prestation, ce qui arrive aux figuras comme aux autres matadors.
De même, il n’a pas d’exclusivité en matière d’élevage : « Dans tous les élevages, il y a du bon et du mauvais ; on coupe des oreilles à tous les élevages ».
Sa préparation se fait au campo : il vit en Espagne de décembre à avril-mai et retrouve sa famille quand la saison française est lancée. En fin de temporada, il se relâche un peu (novembre) mais dès décembre il reprend de manière intensive : Sport, toréo de salon, déjeuner, sieste, toréo de salon et sport forment la trame de ses journées. Il ne croit pas trop à la préparation mentale : « elle commence en sortant de sa maison, si on vit avec les toros dans la tête et avec la peur dans la tête » et « la préparation mentale permet éventuellement de saisir mieux comment s’améliorer. C’est surtout être tous les jours torero dans sa vie ; c’est la meilleure préparation et l’ indispensable c’est la passion ! » Son objectif est clair : « ce n’est pas d’être matador, c’est d’être torero ! »
Sur le plan pratique, hormis la sobriété en termes de boissons, pas de contraintes alimentaires : d’ailleurs il aime cuisiner.
Au total un jeune homme bien dans sa tête et dans sa passion et qui a montré dans les tientas sa maîtrise du toréo et déjà une connaissance des toros approfondie, avec en complément une grande empathie envers les ganaderos et les aficionados présents qui ont apprécié ses tertulias de fin d’exercice.