Le ciel obscurci par les calimas et la température lourde n’avaient pas empêché les aficionados du rejon de remplir aux trois quarts le Coso Del Pino de la station du Guadalquivir pour cette première course d’abono.
Deux toros de Benitez Cubero ( 2 et 6) et quatre de Pallares bien présentés de poids (500 kg) mais outrageusement épointés, ceci évita certainement le pire au cheval de Léa VINCENS pris sous le ventre par le sixième provocant la chute de la la cavalière sans mal ni pour elle ni apparemment pour sa monture, Ce sixième fut le pire du lot, un manso de gala, les autres donnèrent du jeu, le meilleur le premier.
Rui FERNANDEZ oreille et ovation
Diego VENTURA deux oreilles et la queue et deux oreilles
Léa VINCENS deux oreilles et une oreille
Le cavalier Portugais est passé à côté de son toro pourtant noble et brave et noble à souhait. Il ne put jamais vraiment trouver la distance et toréa sans pouvoir que ce soit dans ses deux rejons de châtiment le premier sous la peau et le second correct où aux banderilles dont il usa à profusion souvent à étrier passé, la mise à mort fut laborieuse en deux temps mais lui valut quand même la faveur du respectable qui exigea une oreille et aurait même demandé la seconde.
Son deuxième adversaire fut un peu plus compliqué et il lui opposa le même style de toreo manquant de profondeur la mise à mort fut plus que laborieuse, pas moins de cinq rejon de mort mais le public reteint ses rancœurs et lui offrit une belle ovation.
Diego VENTURA s’impose comme le maître actuel du rejoneo, Il torée réellement ses toros son cheval est un capote et une muleta. Il met en place avec sûreté et cloue avec précision. Tout se passe au raz des cornes avec une maîtrise parfaite des deux arts que sont l’équitation et le toreo, A son premier adversaire il servit une faena enlevée et puissante les banderilles ne sont que des ponctuation précises à un chef d’œuvre artistique et que dire du rejon de mort fulgurant. Je me laisse rarement aller à la liesse andalouse et à l’octroi parfois excessif de trophées mais cette fois je ne fus pas le dernier à sortir mon mouchoir, conquis par l’œuvre du maître.
Son deuxième passage fut aussi une merveille en particulier la pose à deux mains ne menant sa monture qu’avec les jambes et l’assiette. La mise à mort se fit en deux temps et cela l’empêcha de couper une nouvelle queue.
Lorsque Lea VINCENS entre dans l’arène son sourire et son charme ont déjà enlevé le cœur des andalous. Comme en plus l’amazone française est d’une grande élégance à cheval et qu’elle torée bien, cela ne gâche rien à la fête : avec maîtrise son premier adversaire enchaînant avec bonheur œillades au public et poses précises. La mise à mort en insistant pour enfoncer le rejon tarde un peu mais lui permet de couper ses deux premières oreilles.
Elle en coupera une troisième au dernier particulièrement compliqué qui ne lui laissera pas beaucoup d’options. Ce manso ne se laisse toréer que dans la querencia ce qui vaudra à Léa de fortes émotions pour elle et surtout son cheval.
En tout état de cause c’est avec une grande satisfaction que nous avons quitté une fois de plus les charmantes arènes de Sanlucar avant le prochain rendez-vous du 1er Juin avec l’alternative de l’enfant du pays EL MELLI des mains de Roca Rey.
Jean Dupin