Seville, 19 avril, Real Maestranza, lleno de no hay billetes. Temps clair et un peu de vent.
pour: J A Morante de la Puebla, de Havane et or, Silence et silence.
Sébastien Castella, de Grana et argent, Grande ovation au tiers après pétition, et grande ovation au tiers après un avis.
Tomas Rufo, de lilas et or, silence et silence.
Les toros d’Alcurrucen de souche Carlos Nuénez ont tout fait pour faire échouer cette corrida. Présentation variée, armures astifinas tantôt vers le haut tantôt en avant, poids moyen 530 kg et 4 ans.
Nuls , fuyards, parados et mansos le 1er le 3, noble mais faible le 2, manso con genio le 5, manso arrêté le 6.
Avec cela que vouliez vous qu’ils fissent ?
Morante , cela devient une habitude, après 5 contrats signés dans cette feria d’avril de Seville, a fait du Morante ; et du meilleur, mais sur trois , voire quatre véroniques de réception à ses deux adversaires. Le premier se lassa avant tout le monde et Morante n’insista pas, une petite moue de désappointement et hop, on va chercher l’épée.
A son deuxième, le plus encasté du lot mais trop piqué par un picador zélé, beaucoup de choses à mon sens étaient possibles mais la mansedumbre ressortit durant la faena et comme de bien entendu le maestro de la Puebla pensa que cela suffisait. Il lui avait pourtant offert une réception à mi hauteur à la cape par veronicas absolument superbes. A la fin de la faena une belle série à gauche, arrachée à ce toro parado, puis, misère de misère, trois pinchazos un pinchazo hondo… Morante est sifflé, mais il s’en fout, les sifflets peuvent aller au toro …
Sébastien Castella a sauvé la tarde , et je dis bien sauvé , car avec un poil de plus d’aficion l’oreille de son premier serait tombée, par son seul mérite. Que dis je? non , précisément il eût fallu que le toro y mette un peu plus du sien..Mais Castella a livré une faena très méritante à un toro noir astifino, veletto avec un énorme début par veronicas très lentes et profondes.
Ruffo est allé au quite par chicuelinas, et José Chacon après deux paires de banderilles plus que risquées a été appelé à saluer. Cela démarrait bien, brindis au centre, dès les premières passes le toro derrote en fin de passage mais Castella règle les pendules et tout s’enroule , charge bien réglée à droite puis à gauche avec intensité et harmonie. A ce moment de la faena l’oreille doit tomber, mais l’épée bien qu’entière est trop longue d’effet, la pétition non majoritaire, le matador ira à la deuxième ligne saluer l’assistance.
Ce qui est extraordinaire avec Sébastien Castella c’est cette pureté du geste cette façon de refuser la facilité, cette profonde élégance, il sait marcher , attendre le toro, une fois les talons plantés dans le sable. C’est plus que de l’aguante, c’est une sorte d’invitation à une danse possiblement macabre, assurance et risques confondus.
Le cinquième toro, un colorado oeil de perdrix de 4ans lui aussi commence en chargeant dans le capote en zigzag, freins sur les pattes arrières, écart brutal des antérieurs et coups de tête mal intentionnés. Le public hurle, réclame le changement. Sébastien Castella qui lui sait ce qu’il pourra tenter de faire, fait signe d’une main: « calmez vous, attendez… »
Le toro part au cheval mais ne s’y attarde pas plus d’une seconde à chaque passage, au total 6 , ce qui, d’après le maestro vaut bien deux piques réglementaires et que le palco accepte. Bravo mr le président, et double bravo au maestro qui va faire une démonstration superbe de toreria et de dominio, le toro va suivre la muleta de mieux en mieux, les cornes à ras des chevilles : Castella dit et démontre: chaque toro a sa lidia!
Et là, croyez le, ce n’etait pas commode.
Une demie , un descabello, moi j’aurais agité mon mouchoir mais , en rélaité c’est sans importance: ce fut un grand Castella, transformateur de toro.
Deux mots sur Tomas Ruffo. Le toledano est bon torero mais froid et il ne transmet rien, même quand il est bon comme ce soir avec son deuxième toro.
A son premier lourd et noir et blanc comme une descente de lit qui se poste dès l’entrée dans sa querencia attendant qu’on aille l’y chercher, la mise en suerte pour aller au cheval est pénible et le toro sort très vite de cet endroit. Il est tardo, a une charge désordonnée ; enfin un manso de plus.
Au sixième qui se présente physiquement mieux, plus lourd, tout noir, mobile on a un bon début à la muleta, mais tout cela bien que précis, reste froid et .. et rien.
Sebastien Castella a tout montré, extrayant des pépites du vide sidéral des Alcurrucen.
Encore une tarde sans toros.
Jean François Nevière
https://twitter.com/i/status/1781418535979241776