Pedro Rufo remporte le vingt-huitième bolsin de Bougue au terme d’un longue journée de lutte. Avec Julio Romero et Raùl Jerez il était issu d’une matinée de qualification face à des vaches de très grande classe du Camino de Santiago, avec une dernière revenant quatre fois contre le cheval après de longs galops d’alegria depuis le centre de la piste. Elle ne fut pas la seule à témoigner d’un semblable comportement. Une matinée où l’on a pu apprécier Carlos Tirado (La Algaba), où l’on a applaudi Jaime Padilla de Sanlucar, où Hadrien Lucq a démontré de la finesse de son style. Un bolsin qui qualifiait trois garçons déjà très torero… Julio Romero, Raùl Jerez et un certain Pedro Rufo… dont tous les aficionados connaissent bien le frère: le torero Tomàs Rufo
Julio Romero (blanc et or), au premier, une entière, salut ; au deuxième, un pinchazo, une entière, salut.
Raùl Jerez (bleu pétard et or) ; au deuxième, trois pinchazos, deux demi-lame et cinq descabellos, avis ; silence.
Pedro Romero (bleu ciel et or), au troisième, quatre pinchazos une demi-lame, trois descabellos, avis, silence ; au dernier, deux entière dont une a recibir, salut.
Le soir ces trois garçons avaient revêtu leur costume de lumière pour retrouver des erales, lourds et mobiles du Camino de Santiago.
Julio Romero ouvrait les hostilités avec un solide et imposant Camino auquel il servait un tercio de cape sans vraie domination. En fait ce grand novillo, il ne savait pas lui imposer sa loi se contentant trop souvent de passes sans fondement. Par la suite avec un autre grand novillo, malgré un peu moins de classe, il fut souvent débordé et jamais ne s’imposera, même à gauche où il signa de fort belles passes.
Raùl Jerez fut très moyen à la cape et souvent en difficulté. Cet eral n’était guère commode sans charges très franches. A droite ou à gauche le garçon n’a jamais trouvé la bonne distance. Après une mise à mort calamiteuse il est contraint de quitter le concours.
Pedro Rufo, dès le matin avait démontré une grande aisance et avait séduit l’arène. Malgré un adversaire faible qu’il eut tendance a toréer avec une muleta trop basse, il signe une faena faite de détails sur les deux mains. En fait on le retrouvera totalement torero à sa seconde sortie tout d’abord dans une excellent tercio de cape où il sut ralentir et arrêter son adversaire. Dans sa faena, de beaux gestes sur les deux mains même si parfois il étouffait son toro. Mais dans l’ensemble une bonne lidia de ce toro parfois compliqué. Mais Pedro Rufo savait où il allait et il finit par s’imposer.
Si cette novillada a procuré d’excellents moment, par contre elle a montré trois novilleros qui doivent encore apprendre à tuer. Pedro Rufo est désormais adoubé pour partir sur les traces de son frère. Une dualité à suivre… !
Jean-Michel Dussol (texte et photos)