L’interdiction des corridas a été votée cette nuit en Colombie.

Réaction de l’ONCT et de l’UVTF

Au terme d’une nouvelle attaque contre les libertés publiques, la coalition de partis de gauche et d’extrême gauche se revendiquant de la « révolution bolivarienne » dirigée par le Président colombien Gustavo Petro, dans l’impossibilité de mettre en oeuvre les réformes sociales promises, a voté l’interdiction des corridas. 

Sous couvert de bien-être animal, cette idéologie condamne la corrida qu’elle considère comme un marqueur de classe et comme un vestige du colonialisme hispanique.

Trois voies de recours sont ouvertes.

Au niveau national, cette interdiction politique allant à l’encontre de droits fondamentaux constitutionnellement garantis sera cassée à plus ou moins court terme par la Cour Suprême, comme ce fut le cas lors de diverses autres tentatives similaires en Colombie et en Catalogne.

Au niveau international, cette loi est en infraction flagrante avec la Convention de l’UNESCO de 2005 dont la Colombie est signataire, laquelle garantit la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Un recours devant la « Corte interamericana de derechos humanos » contraindra la Colombie à l’abroger.

Enfin, de par sa nature essentiellement idéologique, cette loi  est également susceptible d’être abrogée lorsque l’alternance politique ramènera au pouvoir une majorité respectueuse des libertés publiques et du droit des communautés à perpétuer leurs cultures.

Opportunisme politique

Directement voulue par le Président Petro, cette interdiction a pour objet de détourner l’attention des scandales de corruption qui ont augmenté depuis son élection dans un pays où l’économie dérivée du narcotrafic gangrène une partie de la classe politique.

Il n’est pas inutile de rappeler qu’en 1985 Gustavo Petro était un des dirigeants de la guerilla armée du M-19 qui, le 6 novembre, prit d’assaut le Palais de Justice de Bogota, siège de la Cour Suprême et du Conseil d’État, faisant 94 morts dont 11 magistrats. Un des objectifs de cette opération financée par le principal narco trafiquant du moment était de détruire les dossiers à charge devant provoquer son inculpation.

Après avoir troqué les armes pour la politique en 1990 en profitant d’une admnistie générale, le 8 février 2024, devenu Président, Gustavo Petro fut mis en cause lorsque ses partisans des « milices indigènes » se rendirent coupables d’un nouvel assaut du Palais de Justice où ils séquestrèrent les magistrats de la Cour Suprême, « coupables » de ne pas entériner la nomination du Procureur Général choisi par le Président.

Ingrid Betancourt déclara alors que Gustavo Pedro avait planifié cet « assaut » pour imposer un Procureur Général « à sa botte ». 

Quel crédit accorder à un régime politique qui instrumentalise l’interdiction des corridas pour masquer ses atteintes aux droits de l’homme ?