Plaza de toros de Sanlúcar de Barrameda, Cádiz. Corrida de Toros. Lleno.
Toros de Torrealta
ROCA REY, deux oreilles et oreille.
PABLO AGUADO, ovation et deux oreilles.
GERMÁN VIDAL ‘EL MELLI’, qui prenait l’alternative, ovation et deux oreilles.
Diego Ramón Jiménez au second et Francisco Javier Durán ‘Viruta’ au troisième
Le toro d’alternative s’appelait Brujito, n°45, 545 kilos né le 11/19.
La brise qui soufflait légère de la Marisma sur le coso du Pino plein comme une bonbonnière a inspiré les protagonistes du jour et le public subjugué a vibré sans couper les cheveux en quatre, dans sa simplicité populaire. Car ici nous sommes loin des ors de Séville ou du rigorisme de Madrid ; Sanlucar est une ville populaire et pauvre et son aficion est à son image : elle cherche la joie et la simplicité elle vit son aficion de génération en génération avec un enthousiasme bon enfant. De ce point de vue la corrida d’hier est une réussite de plus à mettre au crédit de Carmelo l’empresa de la plaza qui sait parfaitement ce qui plait à ses paisanos. Ne sommes-nous pas là pour donner du bonheur aux gens ?
Le lot de Torrealta bien présenté, lourd, trapu, bas de caisse et varié de capa –un beau jabonero sucio sorti en 4ème– était commode de défenses. Il a été noble dans l’ensemble, parfois manquant de transmission et il a fait le job sous le cheval, le premier provoquant une chute de la pièce montée. Nous au pays de la mono pique rappelons-le. Le sixième fut le meilleur du lot : le plus allègre, humiliant et durant.
Très attendu, Roca Rey a marqué les esprits même les plus chagrins devront en convenir. Discret à la cape mise à part un quite spectaculaire, il attendit le premier Torrealta par muletazos por lo alto, donnés pieds joints. Dès la première charge le toro l’accrocha sèchement lui déchirant la taleguilla. Séché, se ressentant de ce coup violent le péruvien revint dans l’émotion générale pour construire un trasteo varié toujours engagé, donné avec lenteur et construit intelligemment de menos à màs. Une entier d’effet rapide et deux oreilles. A son second passage Andrés changea ses plans, toréant sur une ligne plus classique qui eut ses bons moments mais qui porta moins sur le public. Il tua comme un canon et obtint ainsi un nouveau trophée. Bonne journée du Péruvien à qui il faudra arrêter de chercher des poux sur la tête. Il plaît est-ce là un défaut ?
Pablo Aguado est chez lui dans ces arènes où il s’entraine tous les jours. On le vit peu à la cape qui est pourtant son point fort. Mais il se distingua dans ses deux faenas de muleta par son sens du temple avant toute chose, son bon goût, ses détails élégants. Son toreo est original en même temps il repose sur ce qu’il y a de meilleur dans la tauromachie andalouse : une recherche permanente de la fluidité, au détriment parfois de la construction d’un ensemble cohérent. Malheureux à la mort au premier il tua de 2/3 de lame en place le second et coupas deux oreilles (pour l’ensemble de son œuvre).
Alternative réussie pour German Vidal « El Melli » qui sans doute très tendu connut quelques désagréments avec le premier, le moins commode du lot. Du moins le jeune Sanluqueño aguanta les charges intempestives de l’opposant avec clame, montrant ainsi ses facultés. Il fut à la peine avec l’épée. On le retrouva totalement serein face au sixième excellent toro qu’il débuta genoux en terre avec brio. Faena marqué par un réel dominio du jeune matador qui conduisit bien les charges du meilleur de l’envoi de torrealta.
Une bonne entière d’effet rapide et deux oreilles accordées dans la ferveur du peuple de sanlucar qui après Paco Ojeda, Marismeño et Limeño et tant d’autres gloires possède désormais un nouveau matador de toros.
Pierre Vidal
PS Une pensée pour le banderillero Sanluqueño Eloy Hilario homme de confiance du Melli qui n’a pas pu toréer la corrida pour des raisons administratives.