Le marathon madrilène de la San Isidro est derrière nous. Son bilan est contrasté. Du point de vue commercial, économique disons populaire, c’est un succès avec 565 400 spectateurs et 13 llenos de no hay billetes malgré une nette augmentation du prix des entrées et la présence des caméras de télévision de Onetorotv et Télémadrid. Il a eu de nombreux « people », singulièrement du monde du football mais aussi des hommes politiques de tous les bords, des artistes, chanteurs ou autres qui se sont parfois exhibés au callejon ou plus discrètement assis dans les gradins. La Ventas the place to be.

Ce succès dans la première arène du monde est remarquable. Il marque l’enracinement de la tauromachie dans son propre pays, il en fait, malgré sa singularité, un spectacle de masse qu il devient difficile à attaquer et qui est une sorte de phare pour la corrida dans le monde et notamment pour l’Amérique Latine où sa survie s’avère précaire. De ce point de vue la présence d’Isaac Fonseca au palmarès comme meilleure estocade est non seulement méritée mais aussi porteuse d’avenir.

Sur le plan artistique on a plus connu hélas! de bas que de hauts et les tardes ont été souvent ennuyeuses, sans émotions. Le fameux « toro de Madrid » y est pour beaucoup. Sous la pression d’un secteur du public contestataire par essence, la présentation devient une sorte d’obsession exagérée ; parfois hors du type au détriment exemple de corridas comme celles de Victorino Martin et d’Adolfo atacada de kilos qui n’ont pas donné le jeu attendu. Il y a eu aussi des choix de ganaderias celui de Roman Sorando, pour le jour des « artistes » s’est transformé en pétard sonore. Il est assez symptomatique qu’il ait fallu chercher une novillada pour la coller au palmarès du meilleur ensemble; celle de Fuente Ymbro réellement encastée, pour le coup.

Borja Jimenez est déclaré triomphateur de la féria c’est certain sa Puerta Grande a plus de poids que celle de Fernando Adrian qui, même s’il nous a plu n’a pas atteint les sommets du torero d’Espartinas. Celui-ci n’est pas une révélation véritable mais son toreo viril, dominateur ainsi qu’esthétique parfois est justement récompensé. Deux autres toreros auraient mérité le tableau d’honneur Roman au courage de lion comme Manuel Escribano le torero de Gerena durement méprisé par une présidence inique. Il ne faut pas oublier les prestations de toreros consacrés comme Miguel Angel Perera dont les mérites ne sont jamais assez célébrés, de Talavante qui renaît de ses cendres, de Castella impavide dans la malchance, de Tomas Rufo aussi une véritable promesse. Il y a d’autres noms qui auront plu, plus ou moins, selon le goût de chacun. Nous ne nous voulons pas exhaustifs… mais nous ne saurions oublier la grande révélation du torero gaditano David Galvan.

Les présidences qui se sont succédées au placo ont multiplié les impairs : le plus gros fut le refus d’accorder la seconde oreille à Borja Jimenez et le mouchoir bleu à « Dulce » toro de Victoriano exceptionnel. Mais ce n’est pas la seule, il y eut des pétitions majoritaires non honorées -Escribano par exemple-, des remplacements de toros injustifiés et des changements de tiers intempestifs.  L’immense pouvoir dont jouissent les présidences qui font ou défont les dures carrières des toreros devrait être mieux calibré, leurs jugements devrait s’appuyer sur des critères objectifs et s’accorder entre ceux qui se succèdent à cette lourde responsabilité.

Grace à Antonio Arévalo, Exir, Jean François Nevière, Charles Figini, Jean Dupin et moi-même vous avez pu suivre dans nos colonnes TOUS les spectacles de cette importante féria et vous avez été très nombreux à le faire consolidant ainsi notre site.

Merci à tous.

Pierre Vidal