Istres. Samedi 15 juin après-midi, deuxième corrida de feria, fort belle entrée aux arènes du Palio, temps, enfin, ensoleillé, deux heures trente cinq de spectacle. Six toros de Victoriano del Rio, bien présentés, de 510 à 545 kilos sur la balance de l’éleveur. Tous une pique, à l’exception du quatrième, deux châtiments. Ils ont tous poussé fort sous le fer. Le troisième récompensé d’une vuelta posthume. Tous toréables à la muleta.

Présidence, R. Abid, assesseurs, J. Collin et Gilles Raoux. Musique Chicuelo II. Cavalerie Bonijol.

Sébastien Castella (bleu nuit et azabache), au premier, une entière, avis, une oreille ; une demi lame, deux avis, salut.

Sébastien Castella

Leo Valadez (rouge vif et azabache) au deuxième, une entière, une oreille ; au dernier, un pinchazo, une entière, un descabello avis, salut.

Léo Valadez

Christian Parejo (rioja et or), au troisième, une entière, deux oreilles ; au dernier, une entière, deux oreilles.

Christian Parejo

Poursuivant sur sa confirmation d’alternative, plutôt réussie, il y a quinze jours à Madrid Christian Parejo, l’hispano-bitterois, a frappé un grand coup, pour cette deuxième course de la feria d’Istres. Une sortie en triomphe avec quatre oreilles en main. Pourtant tout n’avait pas très bien commencé et il s’était fait plusieurs fois accroché la cape par ce troisième Victorino qui revenait sans cesse sur les leurres et ne laissait que peu de temps au torero pour se replacer. Mais il renversait soudaiment la vapeur par une série de quite par chicuelinas. Il commençait par une série de derechazo très bas étant parfois obligé de reculer sous la pression constante du Victoriano mais jamais le garçon n’a renoncé se payant même le luxe de terminer par quelques ayudados sur les deux mains. L’estocade est sûrement à montrer dans les écoles taurines…Deux oreilles et vuelta pour le toro, un vrai combattant. A son retour Christian Parejo attaque dans le domaine de l’émotion en signant quelques passes changées dans le dos citées de très loin. Il va multiplier ces figures ajoutant une longue série de naturelles a faire rêver. Puis une nouvelle démonstration à l’épée pour s’offrir deux nouveau trophée. Certes à Istres, les présidences sont parfois généreuses mais samedi, personne n’a boudé son plaisir.

Leo Valadez, le jeune Mexicain qui nous revient avec des envies de victoire fut un instant le roi de cette fête. Un excellent tercio de cape et dans les quites qui suivirent ce fut une palette de figures enluminées, certes très mexicaines, mais séduisantes. Il poursuivra à la muleta par une séquence châtiments cherchant le sitio en citant de loin. Mais si par moment il était débordé il sut chaque fois rectifier la situation par des séries conclues par des pechos. Belle estocade pour un premier pavillon.

Même s’il aborda, lui aussi, le registre de l’émotion, il ne peut continuer sur sa lancée et malgré une passe changée dans le dos, à genoux au centre de la piste… il fut souvent obligé de rompre. Un petit cafouillage avec l’épée l’obligea à se retirer déçu.

Il y eut aussi dans cette course le cas Sébastien Castella. Avec cette corrida de Victoriano et ses dernières sorties à Madrid on a l’impression que le torero traverse un mauvais moment. Hier avec son premier adversaire, il fut parfait, mais pas extraordinaire. Des véroniques parfaites, des quites par chicuelinas à couper les souffle. Et par la suite, à la muleta on l’a vu plusieurs fois reculer, se replacer, chercher le sitio sans véritablement pouvoir dominer. Ce n’est pas son habitude. Une grande estocade sauvera ce premier passage. Il revient dans un style plus accrocheur, premières passes aux planches, des desplante, il touche la pointe des cornes de son adversaire, prend des airs et des statures de fakir. Il devra se contenter de saluer. On souhaite revoir très vite au mieux de sa forme le Sébastien Castella que nous aimons tous.

Jean Michel Dussol

Photographies Bruno Lasnier

https://feria.tv/video/4409/istres-grand-triomphe-de-christian-parejo/