Cette première demi-finale se vécut sous le signe de la faiblesse et du manque de caste. Les six toros provenant de Concha y Sierra (1,3 et 5) et Anna Roméro (2,4 et 6) ont brillé par leur peu de caste voire pour l’un ou l’autre une noblesse décastée parfois avec du genio mais surtout une faiblesse désarmante, pour :

Luis David Adame : ovation et une oreille
Christian Perez : ovation après avis et oreille
Victor Hernandez : silence et oreille après avis



D’entrée le premier Anna Romero fait montre de faiblesse et durant toute la faena il sera impossible à Luis David de baisser la main sans provoquer la chute du toro il réussira toutes fois à tirer quelques séries intéressantes sur les deux bords avec de bons détails. Le meilleur sera certainement la série de fin de faena, quatre manoletinas de face pieds joints rivés au sol conclue d’un immense pecho. La mise à mort se fait en deux temps, la pétition est insuffisante et le mexicain reçoit une belle ovation. Son second sort des chiqueros tel un missile, à la première passe de capote Luis David est jeté au sol la corne droite frôle la jaquetilla et pulvérise le burladero, le toro se précipite sur le premier banderillero à sa portée qui vole aux étoiles s’en suit une panique indescriptible avant que le toro qui semble-t-il a tout donné ne s’arrête de lui-même. Après ce moment d’incertitude et alors que tout le monde se remet sans mal on pense que l’on va de nouveau avoir une faena morne. Le toro est lui aussi faible décasté et doté de très mauvaises intentions. C’est compter sans le jeune Adame qui sous les yeux de son grand frère Joselito, va s’employer à dompter le fauve. Il y parvient, après quelques muletazos compliqués, il tire de bonnes séries à droite comme à gauche et termine par trois circulaires inversées immenses et totalement improbables quelques minutes auparavant. L’entière tombée est efficace et lui vaut une oreille après s’être réellement joué la vie.

Le premier Ana Romero de Christian Perez est imprésentable de cornes totalement escobillées à la sortie d’une mini pique sans pousser. L’animal est faible la faena sera toute à mi-hauteur, sur le voyage, sans aucune transmission et pour tout arranger d’une longueur désespérante qui lui vaudra d’écouter un avis avant de tuer en deux temps de deux vilaines épées.



Il attend son deuxième adversaire à puerta gayola mais le toro l’ignore et se montre d’entrée plus que distrait et faible. La première série à la muleta se fait à genoux au centre, esthétiquement rien à dire sinon que le toro se couche en fin de série. Perez se relève donc est relève la main, toute la faena se fera à mi-hauteur et sur le voyage pour ne pas affaiblir l’animal. Le toro tient un fond de noblesse bien exploitée pour un toreo trémendiste et populiste qui porte sur le public. Une anecdote lors du dernier desplante il jette sa muleta est se trouve obligé de sauter au callejon pour récupérer l’estoc, ce fut certainement considéré comme un geste héroïque puisque le « respectable » réclama avec force l’oreille après une épée légèrement en arrière, Perez fit même une deuxième vuelta, le président ayant refusé la seconde oreille



Le premier de Victor Hernandez, un Concha y Sierra d’à peine quatre ans (mai 2020) ressemble plus à un novillo qu’à un toro. Il est lui aussi très faible et Victor le torée à mi-hauteur sans forcer le toro est arrête dans la passe et ne transmet rien du tout il faut rajouter un peu de trémendisme pour réchauffer les tendidos la mise à mort est vilaine et en trois temps. Le dernier Ana Romero est un beau cinqueño, Victor Hernandez lui sert trois larga de rodillas et un beau quite par tafalleras. Malheureusement ici encore le manque de force domine et le président se fâche exigeant une deuxième rencontre au cheval après un simulacre de pique la deuxième ne sera pas plus appuyée. Certes l’animal est noble mais tellement faible. Hernandez fait illusion en construisant quelques belles séries esthétiques à droite et surtout à gauche le meilleur côté de l’animal. Trois quart de lame mal orientée et un descabello après avis, le public réclame son oreille.

Pas de jaloux pour les trophées et bon courage au jury pour déterminer le triomphateur qui est qualifié d’office pour la finale.

Jean Dupin