Istres. Dimanche 16 juin, matin, jolie petite entrée, temps ensoleillé, deux heures quinze de course. Six toros de Pages-Mailhan, bien présentés, sans excès de cornes, de 470 à 500 kilos, tous une pique, d’une très grande noblesse à la muleta. Un joli lot de toro pour triompher. Vuelta posthume au quatrième.
Président, M. Dagnan, assesseurs, C. Buttet et Gilles Raoux. Musique Chicuelo II. Cavalerie Bonijol.
Rafael Roucoule El Rafi (bleu marine et or), au premier, trois quarts de lame, une oreille ; au quatrième, une entière, vuelta.
Carlos Olsina (rioja et or), au deuxième, une entière, une oreille ; au cinquième, une entière deux oreilles, vuelta au toro.
Jorge Martinez (rouge et or), au troisième, une entière, un descabello, avis, salut ; au dernier, une demi lame, avis, silence.
Attendait-on véritablement Carlos Olsina, comme triomphateur de cette troisième corrida de Feria. Beaucoup misaient sur El Rafi. Mais la hiérarchie a été bousculée par le phénomène Olsina qui a croisé sur sa route un excellent toro de Pagés-Maihan, primé d’une vuelta posthume. Le torero avait le recours nécessaire pour ne pas laisser passer cet animal. Le garçon avait déjà coupé une oreille après une faena débordante de temple et marquée par de grande série à gauche. Très souvent il avait cité de loin et s’était imposé sur son adversaire. Pour lui tout se jouait avec ce cinquième. Comme un diable il se jeta dans la « bagarre » et commença, à la cape, par deux faroles à genoux, avant d’ouvrir sa faena par quatre statuaires et une longue série de naturelle. Son meilleur complice fut le toro qui répétait sans cesse et aussitôt dans la muleta. Carlos Olsina prenait confiance dans sa réussite, un peu trop même au point de le payer par une voltereta spectaculaire sans conséquence. Ayant retrouvé ses esprits il fut le maître d’une énorme estocade. Deux oreilles et vuelta au toro. Au cours de son tour d’honneur, Carlos Olsina, invita Pascal Mailhan et son fils Pierre à partager son succés. Le garçon s’est inscrit dimanche dans la liste des prétendant au titre de meilleur torero français.
Cette course de Pages-Mailhan s’était ouverte avec El Rafi. Toujours dans un style très épuré il nous avait offert d’impeccables véroniques. Puis à l’heure de la muleta se positionnant au centre du ruedo il citait de loin ses premières passes. Des séries à couper le souffle… surtout des naturelles que l’on peut qualifier comme celles du diable, le bon dieu ne pouvant approcher une telle perfection. Son épée un peu basse ne lui permit que d’empocher une oreille. On pensait le retrouver, débordant de désir de victoire à son second adversaire, mais El Rafi fut beaucoup moins à l’aise et malgré une nouvelle belle collection de naturelles et une belle épée il n’emporta pas l’adhésion de l’arène.
Jorge Martinez, n’a pas bien compris les toros de Pascal Mailhan. Ils venaient pourtant sans se faire prier. Aussi il fut rapidement inintéressant avec une faena sans queue ni tête. Il ne sera guère mieux avec le dernier toro du lot.
Il était ainsi plus facile à Carlos Olsina de dominer cette course, sorte de corrida de l’opportunité pour ces jeunes.
Jean-Michel Dussol
Photographies Bruno Lasnier