J’étais rempli de doutes sur la corrida concours de ganaderias d’Algeciras de hier soir. Nous parlerons en fait d’une corrida de diverses encastes de la Province de Cadiz, Fermín Bohórquez (1º), El Torero (2º); Fuente Ymbro (3º); Núñez del Cuvillo (4º), Salvador Domecq (5º), La Palmosilla (6º) devuelto, sobrero, de Fermín Bohórquez, qui n’entre pas dans le concours. Six toros provenant de six élevages différents présentés légers (480 à 520 kg.) douze rencontres à la pique et donnant un jeu suffisant pour

Enrique Ponce : une oreille et deux oreilles

Talavante : silence et ovation

David Galvan : oreille et salut

Enrique Ponce continue sa tournée d’adieux en passant par las Palomas d’Algeciras où une demi arène lui réserva un accueil plus que chaleureux. Son premier toro de Bohorquez serait bien présenté s’il n’avait une tête outrageusement fermée. Il plie les antérieurs au capote après avoir été fixé difficilement. La première pique prise en brave depuis la troisième ligne de corrida concours provoque la chute de l’ensemble équestre. Le toro s’élance avec allégresse depuis le centre pour la seconde. Le professeur Ponce donnera une faena très technique certes mais sans émotion avec poncinas et abanicos comme il sait faire. L’épée est efficace et lui vaut de couper une oreille le toro est applaudi à l’arastre.

Son second de Nunez del Cuvillo est commode d’armure et léger. Il prendra trois piques, la première en trottant, mal portée, la seconde sur une corne sans s’employer et la troisième en galopinant sans trop pousser non plus. Le brindis à Galvan est très chaleureusement applaudi par le public et est le prémisse à une formidable leçon de toreo de pico en déchargeant la suerte. Les aficionados avertis me comprendront. Le toro est noblissime et tête la muleta. Tout cela porte mais le peu d’émotion est étouffé par une technique à toute épreuve. L’épée tendue et en avant est efficace et la foule en délire réclame et obtient les deux oreilles. C’est la dernière du maestro de Chiva sur les rives de Gibraltar et à l’issue de la vuelta al ruedo même les areneros posent leur radeaux pour applaudir le grand torero qui s’en va, là il y a de l’émotion.

Un exemplaire de El torero sort en second pour Talavante. La mise en suerte de pique est mal faite pour la première en dehors du sitio et la pique carioquée est mauvaise le toro s’élance avec alegria pour la deuxième rencontre là aussi bâclée par le lancier. Aux banderilles le toros s’élance et poursuit les hommes vétus d’argent jusqu’aux planches. Après rien! Talavante est venu comme trop souvent por cobrar. Son second de Santiago Domecq est inexistant faible et manquant de tout, Il prendra deux piques pour le principe et permettra à Javier Ambel de saluer au banderilles, la faena est inexistante mais le public festif après avoir copieusement hué le toro fera saluer Talavante.

David Galvan hérite en premier lieu d’un toro très encasté de Funte Ymbro ; La réception au capote par véroniques est formidable de temple et de précision. Après les choses se gâtent un peu, le tiers de pique est cafouillé. Muleta en main le toro proteste fortement et désarme Galvan sur le passes de poitrine des deux premières séries à droite. Galvan prend alors la main gauche et ce bord se révèle bien plus toréable  Se croisant énormément de face il s’impose, et les séries de naturelles sortent limpides et profonde. L’engagement est total et ce qui passait pour de la caste se révèle être du genio qu’il faut dominer en permanence. Retour à droite pour des séries qui sont maintenant limpides, tout en lenteur et en longueur. Malheureusement une défaillance aux aciers ne permettra à Galvan que de couper une oreille malgré la forte pétition de seconde. Le toro est applaudi à l’arastre.

Le Palmosilla sort boiteux et est renvoyé au coral remplacé par un Bohorquez qui est loin de présenter les mêmes qualités que le premier. Galvan tente pourtant de le toréer avec douceur et parvient à des moments intenses dans un toreo dans les cornes qui porte sur le conclave. Malheureusement la défaillance aux aciers le prive d’une grande porte qui s’ouvrait à lui en compagnie de son ami Ponce.

Demain est un autre jour, encore de l’émotion avec les adieux de Pablo Hermoso de Mendoza et le mano à mano de Roca Rey et Juan Ortega.

Jean Dupin