10 juillet, corrida de Fuente Ymbro. 6 toros tres bien faits, cinq noirs et un castaño bragado de 5 ans. Poids moyen 530 kgs, Très armés, bravoure limitée au cheval, 12 rencontres.
Extraordinaires de noblesse le 2 et le 3, compliqué le 4, deslucido le 6.
pour Miguel Angel Perera , vert émeraude et or: salut au tiers et 1 oreille de poids.
Andres Roca Rey, Rouge et or, 2 oreilles et 1 oreille.
Tomas Rufo, Bleu marine et or, 2 oreilles et silence.
Lleno de no hay billetes, grand beau temps et ambiance brulante au soleil, plus réservée à l’ombre.
Si vous avez vos boules quiès vous pourrez entendre la superbe musica callada que nous a offerte Miguel Angel Perera à son second, le quatrième, un noir qui mit du temps avant de se laisser conduire par la merveilleuse muleta du maestro de Badajoz, 20 ans d’alternative et toujours cette ferveur et cette science qui lui fait construire des faenas savantes et templées devant n’importe quel toro et plus c’est compliqué plus il démontre.
Ce toro il l’avait brindé au ganadero avec des mots d’une grande amitié et affection. Les dernières séries à gauche sont un exemple de préparation à l’épée. On attend que le réglage de cette tête soit parfait, Entière tendida après un avis. OREILLE.
A son premier , pourtant on aurait aimé voir tomber l’oreille. Au capote il y avait eu 5 chicuelinas bien ajustées conclues par une demie. Début de faena par 5 statuaires et pecho, pieds joints, données avec une calme autorité et templées. Tout se passe bien mais le toro transmet peu et l’épée est basse et pas entière, et même si le toro tombe, le puntillero le fait relever..SALUT AU TIERS
Que ceux qui doutent de la supériorité de ROCA REY ou qui font la fine bouche ne lisent pas ce qui va suivre. C’est sans doute qu’ils n’aiment ni l’enthousiasme ni l’audace ni la force ni le courage, ni la sérénité , ni les estocades fulminantes. Parlons d’elles d’abord : à ses deux adversaires et encore plus à son premier , Roca Rey s’est jété entre les cornes , se mouillant les doigts, passant d’extrême justesse au dessus de la corne droite, matar o morir, illustration parfaite de l’adage. Et il a recommencé à son second.
Et il fallait passer au dessus de ces poignards dressés jusqu’au ciel. Toro numero 2, le castaño bragado, belle réception au capote et quite de Rufo par delantales rématé par une rebolera. Réplique de Roca Rey par gaoneras sublimement exposées, tout s’emballe. Brindis au public et entame à genoux au centre de la piste, les cornes sont à hauteur des yeux et le toro n’humilie pas. A droite comme à gauche R R est contraint de toréer à mi hauteur, les dagues gigantesques passant tout près du visage. A force de puissance dans le poignet , de ceinture , de caractère et de rythme , le toro humilie en fin de faena: intensité, volonté et suprême élégance, enchainements suaves, on attend l’épée, tout vole et bascule, la muleta, l’homme qui passe par miracle au dessus de la corne droite et le toro qui tombe ; sin puntilla, victoire de la figura maxima del toreo; quoi qu’en disent les tenants du jansénisme taurin et les frigides. DEUX OREILLES
Roca Rey revient pour le 5eme, , un noir lui aussi très bien fait, il le reçoit la main tenant la barrière et gagne doucement le centre. On devine que ce toro là est plus compliqué , les réglages sont plus lents, par deux séries droitières , naturelles, à chaque fois de bons pechos de conclusion, puis on recommence avec deux séries drotières pour finir en toréant de très près, quasiment dans les pieds, le réglage est fini. Reste l’épée, un espadazo sin puntilla, comme au premier, matador s’il en est, cette épée à elle seule valait l’oreille. OREILLE
Tomas Rufo torée très bien, Tomas Rufo ose beaucoup, Tomas Rufo a fait de très belles choses à son premier, mais il passait juste après Roca Rey.
Comme lui il débuta, fort bien, à genoux, il templa toutes ses actions avec une très convaincante application, son épée fut efficace , sans puntilla, mais un peu de rigueur castillane ou de froideur de Tolède nous ont fait trouver les deux oreilles octroyées excessives.
Au dernier , le plus deslucido du lot, Rufo tenta le tout pour le tout, pour rejoindre le nombre d’oreilles coupées par son concurrent péruvien peut- être?
Tout le début de la faena consista à fixer ce toro gazapon collant ou distrait selon les moments. A la fin, le matador jeta l’épée et livra une longue série de luquesinas , bien réalisées et l’estocade malheureusement fut defectueuse (deux tentatives) et plusieurs descabellos. SILENCE
Tout au long de la tarde les banderilleros se comportèrent dignement et les picadors des uns comme des autres donnèrent chacun et à chaque toro 1 pique et un picotazo.
Si la belle jeunesse du soleil pouvait garder ses t shirts blancs….
Qu’est devenu l’homme en noir au haut de forme qui récompensait les toreros faisant leur tour de piste d’un foulard rouge de San Fermin?
Jean François NEVIERE