Plaza de toros de Mont de Marsan. Première de la feria de La Madeleine. Casi lleno.
Toros de Puerto de San Lorenzo (1º et 2º) et de La Ventana del Puerto (3º, 4º, 5º et 6º
ALEJANDRO TALAVANTE, qui remplaçait Morante de la Puebla, palmas et ovation et saluts (por su cuento)
DANIEL LUQUE, palmas après avis et ovation après avis et saluts.
DORIAN CANTON, palmas après avis et silence après avis
A la fin du paseo on a joué la Marseillaise reprise en chœur par le public
C’est une tradition récente : les bandas ou plutôt les fanfares venues du voisinage assurent des intermèdes musicaux enjoués entre chaque toro de La Madeleine. C’est une sorte de show musical bref et chaque participant y va de toute son âme qui du trombone, du tuba, de la clarinette, de la trompette ou de la grosse caisse. Hier c’était le tour des « Divinos » de Grenade et on peut dire qu’ils nous ont réveillés, empêchant les mâchoires de se décrocher. Touchés par la grâce les « Divinos « nous ont donné ces précieux moments de joie dont nous privait le laborieux spectacle en piste.
Car sur le sable, ce fut un jour sans. Juste de trapio et modestement défendu l’ensemble manqua de race, discret -voir absent- sous le peto, finissant aux planches comme les seconds, troisièmes et quatrièmes ou juste de force comme les cinquièmes et sixièmes. Le seul que l’on puisse sauver de ce naufrage fut le premier plus complet -sans casser des brouettes non plus.
Face à cette médiocre opposition, Alejandro Talavante se montra tel qu’en lui-même -dans sa nouvelle version- c’est-à-dire ni bien ni mal -sin pena ni gloria- ce qui en tauromachie est le pire. Alejandro sortit de ces deux « confrontations » sans une seule tâche sur son flambant costume framboise et or ce qui va réjouir son mozo de espada mais ne plaira guère l’acficionado qui attend plus de lui. Absent à la cape, médiocre à l’épée, approximatif et décentré à la muleta on se demande quand et comment Alejandro justifiera une réputation qu’il faut bien qualifier de surfaite.
Daniel Luque fut à l’unisson de cette inanité sans jamais faire d’effort réel lui non plus. Optant pour la liquidation des affaires courantes, le torero de Gerena se contenta du programme minimum prétextant, in petto, du moral défectueux de ses deux adversaires. Certes on vit son métier, sa qualité de muletero et on aura apprécié, à son second passage, sa capacité à conduire l’animal chancelant à mi-hauteur ce qui premit de bâtir un semblant de faena, la fin tournant en eau de boudin. Cependant il n’y eut jamais l’étincelle esthétique que l’on attend de lui. Il fut l’auteur du seul estoconazo de la tarde.
Après-midi difficile pour Dorian Canton qui lui aussi hérita d’un lot déficient. Le jeune béarnais ne pouvait pas se contenter comme ses pairs de gérer les affaires courantes. Il lui fallait triompher et montrer ses avantages c’est-à-dire cette volonté d’exécuter un toreo orthodoxe et élégant. Il y réussit au capote à son premier passage par de belles véroniques conduites par le bas et des chicuelinas serrées. Ce fut le meilleur moment taurin de la tarde. A la muleta il fut comme ses collègues incapables de transformer le plomb en or : deux faenas peu cohérentes et trop longues, avec des gestes de qualité isolés et pour terminer des problèmes à l’épée. On ne devient pas alchimiste en quelques sorties il faut cent fois sur le métier remettre son ouvrage et bravo aux organisateurs qui lont donné à Dorian une chance car il y a matière à espérances.
Mais de cette après-midi si terne et fade nous retiendrons la joie des « Divinos » de Grenade … disons-le elle avait quelque chose de divin… de quoi nous requinquer.
Pierre Vidal
Photographies Bertrand Caritey