Plaza de toros de Mont de Marsan. Sixième de la Feria de La Madeleine. Mano a mano. Lleno.
Toros de La Quinta.
EMILIO DE JUSTO, silence, oreille, silence après avis
CLEMENTE, oreille, saluts au tiers et silence après avis.
Sobresaliente : Alvaro de la Calle
Saluts des banderilleros Juan José Domínguez et Mario González au second de la tarde.
Il y a pour l’aficionado des noms magiques comme La Quinta qui donnent tous les espoirs. La déception en cas d’échec comme ce fut le cas hier au Plumaçon est d’autant plus grande. Elle succède, il faut le rappeler à une série de tardes désolantes qui ont de quoi porter sur les nerfs des aficionados. Il reste désormais une dernière cartouche montoise : la corrida de Victorino Martin, celle qui justement avait fait polémique et avait été à l’origine du changement d’empresa : curieux retour du destin.
En attendant, les La Quinta, de gabarit modeste et quelque peu dépareillés, astifinos et somme toute dans le type bien particulier de l’élevage n’ont pas été à la hauteur des espérances. Ce fut un lot inexistant sous le cheval et par la suite fade, anodin, sans émotion. Un ensemble soso auquel manquait cette transmission élémentaire pour permettre les enthousiasmes que l’on est en droit d’attendre du spectacle taurin.
Ce fut mano à mano qui n’en avait que le nom et, mis à part au premier toro où De Justo et Clemente alternèrent aux quites, il n’y eut pas vraiment de competencia entre les deux coletudos. Il ne pouvait pas y en avoir non plus compte tenu de l’inanité de l’opposition. De Justo fit le job du mieux qu’il put et on ne discutera pas son investissement mais on sait qu’il faut à l’Extremeño des oppositions autrement plus sérieuses pour briller véritablement. On mettra à son crédit quelques moments intéressants à la cape par exemple sa manière de mener le toro au centre de la piste par delantales ajustés. Avec la muleta, il eut à son second passage des instants où il conduisit la charge avec précision et lenteur en se croisant. A souligner aussi quelques naturelles de face bien exécutées. Mais on voit bien que ce type de rencontre n’est pas « son truc »: il faut à Emilio des affrontements plus virils. Une entière tombée lui valut tout de même un trophée à l’issue de sa seconde faena, la plus complète.
C’était un gros challenge pour Clemente qui partit d’emblée à porta gayola. Le toro sortit pas à pas et il aguanta. Il remit le couvert à son second et cette fois frôla la correctionnelle en se précipitant pour sauter in extremis la barrière, le toro le serrant de près. Il entendait montrer ainsi d’emblée qu’il avait conscience de l’enjeu de cette confrontation avec un des leaders de l’escalafon et justifier aussi l’opportunité donnée par les organisateurs. Hélas le bordelais ne fut pas vraiment dans le coup par la suite. Abusant du pico, il ne sut que trop rarement conduire sur le bon rythme les charges bonasses des La Quinta. On ne peut pas lui enlever une réelle toreria, le sens du détail et le goût du beau. Mais cela n’était pas suffisant hier : il fallait mettre « la carne en la brasa » comme disent les espagnols : c’est-à-dire tout donner. Clément sembla emprunté, excessivement prudent, sans jamais perdre les papiers cependant. Il tua d’une grande entière le premier ce qui lui valut après une tiède pétition et une oreille. Trop d’approximations à l’épée pour le reste.
Très applaudi le banderillero montois Mathieu Guillon ne fut pas appelé à saluer par Emilio de Justo : c’est une faute de goût et le sobresaliente Alvaro de la Calle n’eut pas droit à son quite autre faute de goût. Il quitta l’arène dépité mais, malgré ses qualités, il est abonné à cette ingratitude.
Le mano à mano a fait pschitt ! Demain sera un autre jour ! Gardons le moral ! L’aficion se nourrit d’espérances !
Pierre Vidal
Photographies Bertrand Caritey