Tout a été dit sur l’un sur l’autre, sur les toros, sur les incidents, accidents de parcours ou ce que l’on a pu juger comme des injustices.

Reprenons si vous voulez bien me lire avec indulgence ce que je garde de cette feria.

Et ces quelques mots s’adressent tout particulièrement à mes deux voisines de balconcillo, mère et fille, aficionadas gourmandes d’explications, d’une curiosité scrupuleuse , sensibles à l’art et aux qualités de tel ou tel torero.

Bravo mesdames de vous interroger sur le bien fondé de décisions du palco, sur les manifestations bruyantes ou par trop silencieuses d’un public différent les 1er et 2ème jours du troisième.

 Premier jour donc: une demie arène d’un public assez connaisseur, et comme il avait raison, après l’échec ( refus de voir) de Talavante à son premier toro, mais une merveille de toreo original, profond, savant, d’Alejandro à son second .

 Daniel Luque a retrouvé avec bonheur son ancienne plaza française fétiche, réconciliant ainsi Dax et Bayonne, tandis qu’une autre de mes voisines me déclarait sur un ton péremptoire et entendu: ” ici c’est Bayonne, on ne distribue pas les oreilles comme à Dax”  Tout faux madame, tout faux.

Le neveu du grand Juan Mora actuait en troisième, ne démérita pas, avec un toreo modeste et cependant courageux.

De la novillada piquée je garde l’image d’un Pedro Luis téméraire autant que courageux, et d’un Chicharro techniquement au point. De la bonne graine de toreros.

Il parait que Lalo de Maria va prendre l’alternative la semaine prochaine?  Ah bon?

Le soir nous avons profité de l’audace de l’excellent torero Colombien Juan de Castilla, entendu brailler pendant toute sa faena  Molina à qui le public complaisant fit obtenir une oreille de petite catégorie, mais on eut beaucoup de plaisir à voir Christian Parejo plein de volonté et de finesse couper lui une oreille de poids à son adversaire.

Il parait qu’il y eut du mic-mac lors de la novillada sans picador, c’est bien dommage, et nous n’en parlerons pas.

In fine le morceau de choix: la corrida de clôture  , avec le monstre sacré , le numéro UNO incontestable, celui qui remplit  les arènes et cela à juste titre: Andrès Roca Rey. Le chef de lidia était le meilleur horloger de l’escalafon, celui qui arrête les toros comme le temps, et le troisième le nîmois Adrien Salenc “Adriano”.

Juan Ortega, vêtu de rose très pâle et or nous gratifia à son second d’une des plus profondes faenas que j’ai pu voir depuis deux ans. Il pincha et enfonça ensuite une entière immédiatement efficace qui ne lui valut pas la moindre pétition d’oreille, juste une belle ovation au tiers, alors que Roca Rey dont je suis un grand partisan avait coupé les deux de son premier, malgré une épée caida, trasera et de travers… Expliquez moi, tout le monde était il aveugle.?

J’ai une autre explication  la langueur extrême , la douceur, la sérénité d’Ortega ont été polluées par une épouvantable musique de foire absolument pas en phase avec ce qui se passait en piste, un dzim- boum- boum de chef- lieu de canton , à faire fuir les oreilles bien faites.

Le répertoire de la musique de Bayonne est très court, on eut droit plusieurs fois au même morceau, sur des faenas de style et de rythme ou cadences différents.

Je refais le film, pardonnez moi, bon lot de Zacarias Moreno, bien fait, de la tête , supportant bien deux piques et gardant du gaz longtemps.

Très grande faena de Juan Ortega à son second, , pinchazo et entière, ovation qui aurait dû lui valoir au moins une vuelta.

Roca Rey, grande faena à son premier et épée défectueuse bien que d’effet immédiat: 2 oreilles

A son second bonne faena, moins complète cependant qu’à son premier mais estoconazo sin puntilla en place: 2 oreilles.

Adriano: honnête exercice  avec des naturelles rejetant le toro au plus loin l’obligeant à des replacements  nombreux, bonne épée: 1 oreille.

Le dernier toro était parait-il affecté d’un défaut de vision, le torero demanda son changement mais ne l’obtint pas.

Sic transit gloria mundi!

Merci a Roca Rey de donner autant de joie et d”émotion sans jamais être vulgaire et immense merci à Juan Ortega d’avoir su arrêter le temps avec le bout des doigts.

Jean François Nevière