« Happy end » pour les adieux d’Enrique Ponce en France sortant a hombros aux côtés de Sébastien Castella…Ciel changeant, vent gênant par moments, quasi plein. Six toros de Garcigrande, inégaux de présentation et comportement, mais tous toréables à divers degrés.Accompagnement musical : orchestre Chicuelo II, mezzo-soprano Muriel Tomao et chœurs de l’Escandihado. Tous talentueux et félicités par les maestros.Superbe décoration à charge de Tom Garcia et Christian Marti, bien qu’à la mi-journée, une partie de leur œuvre ait subi quelques détériorations… Après le paseo, Marseillaise avant l’intervention de jeunes arlésiennes applaudies pour une belle prestation de danse provençale avant de remettre des bouquets du terroir à Enrique Ponce. En suivant, Amélie Laugier, Reine d’Arles, accompagnée de ses demoiselles d’honneur, a remis un souvenir au maestro de Chiva en guise d’hommage…Avant la sortie du premier Garcigrande, les deux diestros sont sortis pour saluer, récoltant une chaleureuse ovation.Enrique Ponce : silence, oreille et oreille.Sébastien Castella : oreille, silence et deux oreilles.S’il y a des corridas qui, compte tenu de leur contexte, se regardent avant tout avec le cœur, celle de ce samedi à Arles en est la parfaite illustration. Bien sûr, l’actualité tournait autour des adieux d’Enrique Ponce du territoire national et le public lui a réservé tout au long de cette tarde un accueil des plus chaleureux, pour les bons moments de sa prestation, certes, mais aussi en souvenir de ce qu’a été sa riche trajectoire… Et comme Sébastien Castella n’a pas été en reste, il était fort logique qu’après environ trois heures, les deux compañeros sortent côte à côte a hombros, reprenant à l’envers le trajet pour une fois revêtu de rouge au niveau du grand escalier… Enrique Ponce n’eut guère l’occasion de se distinguer avec son premier, qui lui compliqua les choses autant que le vent assez violent à ce moment-là. Et comme les aciers n’ont pas été exemplaires, la faena brindée à Sébastien Castella a rencontré peu d’écho. La suivante, brindée à l’assistance, eut davantage de corps dès l’entame avec trois séries de derechazos ajustés avant une autre par superbes redondos. Enrique nous gratifia de détails de classe lui faisant tomber le premier bon point dans son escarcelle. Avec le quinto, qui ne fit pas vraiment honneur à l’adage, il alla chercher l’oreille de la grande porte par sa volonté et sa classe. Sa faena, brindée à Jean-Baptiste Jalabert, bien qu’inégale, comprit pas mal de gestes suaves au son du Boléro de Ravel. Entière desprendida. Pour Enrique, contrat rempli avec final très émouvant, dès sa double vuelta qu’il termina les yeux rougis. Il n’était pas le seul dans ce cas… Comme déjà indiqué, Sébastien Castella n’a pas été en reste. A son premier, sa faena a débuté par un chapelet de doblones en se ployant, menant ainsi le toro jusqu’au centre. Lui aussi a été gêné par le vent et par la suite, il y eut un peu de tout, notamment quelques fulgurances pour tenir le cap avant demie et une première oreille dans l’escarcelle. Bon capoteo avec le cuarto puis quite par chicuelinas relevé après deux assauts sans éclat. Avec les palos, un de ses banderilleros s’est fait coincer au burladero et aurait pu prendre cher, s’en tirant finalement sans mal. Brindis au conclave puis belle entame aux planches, la faena étant ensuite essentiellement marquée par quelques derechazos templés et un bel aguante de la part du Biterrois qui sans pouvoir totalement s’imposer a tenu tout de même à donner le change. Entière tombée au second envoi. Mais c’est avec le sixième que Sébastien allait donner finalement sa pleine mesure. Salut de Rafael Viotti au second tercio puis accueil muletero par trois cambios au centre avec l’expression d’un torero donnant alors sa pleine mesure, notamment sur d’exquis passages droitiers rappelant par bribes sa « difficile facilité », le tout étant conclu par un estocodón sin puntilla au centre qui fit tomber dans l’allégresse générale les deux trophées d’un triomphe à partager au final avec don Enrique… Grand moment d’émotion… Avant la sortie a hombros, Enrique Ponce, seul en piste avec sa cuadrilla, a écouté religieusement l’interprétation de l’Hymne National Valencian… |