Plaza de toros de Dax. Trois quart d’entrée.

Toros de Robert Margé. 

MANUEL ESCRIBANO, division après avis et silence

ESAÚ FERNÁNDEZ, vuelta al ruedo après une forte pétition,et oreille après avis.

EL RAFI, oreille et vuelta al ruedo

Salut de Thomas Ubeda au troisième et de Manolo de Los Reyes au sixième.

Salut du mayoral et de Robert Margé.

Passion, émotion, angoisse voilà pour résumer ce que cette grande corrida de Robert Margé a inspiré au public qui a longuement ovationné les participants à l’issue de la tarde. Les toros de Robert Margé n’ont pas manqué leurs débuts sur la piste dacquoise et l’ensemble fera date. Il faut pour commencer louer la présentation -n’est-ce pas l’essentiel ? – remarquable de la fratrie. Tous étaient armés de larges porte-manteaux acérés pour le moins intimidants. Ils étaient aussi, hauts, longs et bien rématés de l’arrière avec une variété de capas -qui ajoute un plus à la présentation- remarquable : melocoton, salinero, bragado, colorado, etc. un régal pour les yeux. L’ensemble bien dans le type de l’origine Cebada Gago.

Au moral ils ont fait le job sous le cheval sans pour autant procurer de grands tiers. En revanche ils ont se sont comportés en patron dans le ruedo mettant la pression sur les toreros en permanence. Le cinquième a mis la panique dans le callejon en sautant la barrière à deux reprises, blessant un portier au passage. Le sixième tenta de le faire et se blessa le museau en brisant plusieurs planches. Tous auront rompu, plus ou moins, à la muleta avec de la classe comme le second, cinquième et sixième mais aussi avec beaucoup d’exigence. Le premier n’a pas duré. Le quatrième est vite parti aux planches.

On a connu Escribano plus décidé il n’est pas allé à la porte du toril comme il en a l’habitude, sans doute s’était-il renseigné sur ce qui l’attendait. Bon tiers de banderilles à son premier passage terminé par une paire al violin donné au quiebro ; il sera un ton en dessous dans ce tiers par la suite. Manuel renonça vite face au premier qui s’éteignit rapidement. Il fut laborieux à l’épée : 4 pinchazos et deux descabellos. Le torero de Gerena ne fit pas un effort suffisant pour garder le quatrième au centre qui, face à ce manque d’autorité, partit aux planches. Il coupa court : une entière atravesada et 2 descabellos.  

Plus de décision chez Esaü Fernandez qui faisait sa présentation à Dax : il ira deux fois à porta gayola. Ses deux travaux ont été marqués par une véritable entrega et une sincérité à souligner. Il s’accorda mieux avec le redoutable cinquième auquel il imposa un toreo ferme et engagé donnant sa dimension à l’animal qui fut ovationné à l’issue du combat. Son manque de réussite à l’épée doucha les enthousiasmes (un pinchazo, une entière basse et une entière tombée). Il y eut néanmoins une pétition conséquente à son premier passage et le palco se fit tancer pour n’avoir pas accordé le trophée qu’il lui céda par la suite (face au 5ème).

De la classe, de la lucidité et cette élégance dont il ne se départ jamais chez El Rafi qui signe un nouveau succès sur la piste dacquoise. Dans ses deux combats il fit preuve de beaucoup de sobriété mais aussi d’une réelle capacité à résoudre les difficultés posées. Il s’est comporté en vieux briscard malgré sa jeunesse faisant preuve d’une maturité rare. Il plut particulièrement face au dernier dans de très belles séries, plastiques, bien cadencées. Ses carences à l’épée (1 pinchazo et une entière tombée ; un bajonazo) limitèrent le succès qui lui était promis.

Ainsi, grâce aux Margé, il y a eu « Toros en Dax » et Esaü Fernandez comme  El Rafi auront laissé de forts belles impressions : deux heures et demi palpitantes qui nous auront tenu en haleine.

Pierre Vidal

Photos Bruno Lasnier