La plaza portative maintenant fixe d’Arcos de la Fontera avait fait le plein et ce malgré la féra de Séville à quelques encablures. Et il faut admettre que le public ne s’est pas trompé nous avons vu plus de toros de combats que je n’ai pu en voir ces deux derniers jours à la Real Maestranza. Notons toutefois quelques défauts d’organisation l’empresa avait tout simplement oublié les alguazils qui furent absents au paseo, on alla chercher une jeune fille de dix ans à peine pour remettre les trophées et la pauvre parut bien perdue dans le ruedo.

Six pensionnaires de Las Monjas remarquablement présentés pour une placita de quatrième catégorie, tous encastés certains avec un peu de genio; les trois derniers d’une grande noblesse encastée, ont permis aux trois toreros du jour de s’exprimer, il faut signaler, et c’est rare que les six, sont morts la bouche fermée

David Fandilla« El Fandi » une oreilles et deux oreilles après avis

Octavio Chacon une oreille et deux oreilles et la queue après avis

David de Miranda une oreille et deux oreilles et la queue

C’est un superbe exemplaire sort en premier lieu qui d’entrée montre sa cas et ses complication au Fandi dés la réception au capote par véroniques. Après avoir bandérillé à sa manière, le Fandi entame par doblones. Le toro peu piqué est resté très cru et proteste à chaque sortie de passe, il se révèle quasi intoréable à gauche pour cause de derotes incessants. Le retour à droite est laborieux la demi efficace permet l’octroi d’une oreille.

A son second même problème de défaut de premier tiers, semble-t-il pour permettre un tercio de banderilles plus appuyé. Heureusement pour le torero le toro est d’une noblesse infinie et permet une faena fleurie sur les deux bord marquée par de longues circulaires parfaitement templées.

Le premier d’Octavio Chacon est un vrai toro de combat bien décidé à ne pas s’en laisser compter ; il charge tout ce qui se présente à son regard, l’accueil par véroniques et chicuelinas est déjà un exploit. Il n’y aura qu’une seule pique mais particulièrement dure et longue en poussant très fort. L’entame se fait par doblones mais le toro derrote en direction de la main du torero qui se retrouve désarmé et en danger à plusieurs reprises. Octavio n’est pas un débutant et il est bien décidé à dominer. C’est un combat de vaillant qui s’ouvre, Chacon fera tout pour en sortir vainqueur et son adversaire ne lui facilitera pas la tâche. Peu à peu le toro se rend et le desplante final à « cuerpo limpio » prend toute sa valeur. Chacon entrera « a matar » comme un mort de faim pour finalement porter une estocade contraire qui lui vaudra l’oreille du courage.

Le second exemplaire nous permet de retrouver le grand artiste qu’est Octavio Chacon. Le toro galope dans la muleta démontrant à la fois caste et noblesse. Très vite le temple prend le dessus : Les séries sont courtes mais d’une grande douceur et révèlent les qualités du maestro et de son opposant du jour. L’estocade est un peu longue à agir mais n’empêche pas les trophées maximums, il faut reconnaître que la présidence en l’occurrence le Maire du village et son premier assesseur, président le la peña Chacon locale, ne sont pas trop difficiles à convaincre.

David de Miranda est trop souvent oublié des grands cartels et pourtant quel bon torero! Une fois de plus il en a fait la démonstration, Grand au capote il emmène son premier au centre par de belles véroniques. L’animal est compliqué très encasté il va au cheval seul et prend une pique très appuyée, coincé contre la barrière le piquero s’acharne violant au passage un certain nombre d’articles du règlement. Pourtant malgré ce traitement le toro garde toute sa combativité et sa force; lui aussi mourra la bouche fermée après avoir éprouvé son torero. Il faut trouver des solutions face à un animal qui refuse d’humilier et garde la tête haute. Malgré cela De Miranda poursuit sans reculer et finit par dessiner une faena de belluaire. L’épée est en arrière et plate mais suffisante pour couper un pavillon.

Le dernier de l’après midi, un beau colorado, est certainement le meilleur toro le plus complet et il paraît étrange de ne pas lui avoir accordé une vuelta à ruedo mérité alors que certains avaient timidement demandé la grâce. David de Miranda ne pouvait pas passer à côté d’un tel toro tout en bravoure et en noblesse. Il a dessiné une faena puissante et dominatrice en douceur et en lenteur. Nous avons dégusté du très bon toreo. Le final par manoletinas de face est une perfection du genre. L’estocade est portée avec fermeté et précision et ici encore les trophées maximums seront accordés. La sortie à hombros des trois toreros se fera dans une ambiance plus que festive.

Un fois encore alors qu’à Séville on s’ennuyait ferme, à Arcos l’aficion se réjouissait.

Jean Dupin