La catastrophe qui touche nos voisins valenciens, nous émeut fortement, nous voulons en premier lieu leur apporter toute notre leur sollicitude et partager leur chagrin. Ils ont vécu des heures horribles, nous prenons part à leurs deuils et compatissons à leurs souffrances. Plus de 220 morts, des dizaines de disparus qui vont alourdir ce bilan, des richesses durement acquises détruites en quelques heures et l’angoisse de revivre un jour ce traumatisme brutal. Que l’on ne vienne pas faire le discours sur la résilience : le drame reste le drame, la souffrance et l’absence aussi…
Reste le pourquoi. C’est une question bien naturelle. Il faut la poser. La réponse des médias français -des journalistes plutôt que des spécialistes- : c’est le réchauffement climatique. La formule magique qui explique tout, désormais. Même si nous ne saurions contester ce que des centaines de scientifiques ont établi depuis plusieurs années, cela semble un peu court : Le réchauffement climatique est réduit à une commodité de langage qui empêche de penser la complexité, une injonction puérile comme on a pu le voir lors d’une émission « C’est à vous » consacrée à ces inondations.
Des scientifiques plus avertis que ces jeunes journalistes frais émoulus de ces écoles de formatage des esprits qui ont sévi dans l’émission, des architectes, des urbanistes ont montré les errements d’une urbanisation sauvage non maîtrisée, le scandale d’une pauvreté cachée mais endémique, l’absence de prévision des risques naturels et un défaut d’éducation à ces risques naturels sont à l’origine de l’ampleur de la catastrophe. Le drame de Biescas en 1996 avec 87 morts sur quelques dizaines de mètres carrés après qu’un pan de montagne se soit effondré sur un camping placé-là sans évaluation du danger aurait dû faire réfléchir…
Aucun pays du sud de l’Europe n’est à l’abri d’une catastrophe équivalente à celle de l’Espagne, mais le recul de l’Etat chez nos voisins est à la base de la catastrophe : le développement anarchique d’une prospérité nouvelle fondé sur la mono-industrie touristique polluante supportée de plus en plus mal par la population. Ce n’était pas mieux avant, non certainement pas mais l’hyperconsommation, les déréglementations tous azimuths et le développement touristique forcené qui ont succédé aux privations de da dictature n’ont pas eu que du bon.
Le traitement « politique » du drame est maintenant sur la table. L’incompétence de la Région de Valence est patente. L’alerte a été donnée avec retard et les premiers secours ont été étiques pour ne pas dire chaotiques. Cela montre les excès d’une décentralisation poussée à l’extrême qui a favorisé la corruption et conforté l’incompétence. Potiche sympathique le Roi n’a rien pu faire à part bien parler et adoucir les peines -c’est déjà pas mal. Celui qui aurait pu agir c’est le premier ministre Pedro Sanchez dont le cynisme n’a pas de limite. « J’enverrai de l’aide si on me le demande » a-t-il dit alors que les habitants se débattaient dans des fleuves de boue. Ainsi les victimes du fléau se retrouvèrent sans secours durant plusieurs jours. Ces manœuvres dilatoires coûteront cher au danseur de corde icône des élites Bruxelloises
En quoi cela nous concerne-t-il ? Me direz-vous. Et bien d’abord nous ne sommes ni bêtes ni idiots comme on voudrait le faire croire la marche du monde nous concerne au premier chef et nous sommes solidaires de la détresse de nos amis. Ensuite Pedro Sanchez est l’ennemi assumé de la tauromachie qu’il veut annihiler au nom de sa vision de la modernité. Son incompétence, son cynisme et son irresponsabilité sont désormais patents. Enfin parce que nous sommes les défenseurs acharnés d’un environnement sain, d’une biodiversité protectrice, d’une nature intacte préservée, en dernière analyse, par le toro bravo. La disparition de cet animal totem, comme le souhaite les émules de Sanchez, ne ferait qu’accroître les outrages faits à notre mère la Terre.
Pierre Vidal
P.S. Du grand écrivain espagnol progressiste Arturo Perez-Reverte ce soir sur X: « J’ai aimé le roi aujourd’hui : tempérant et courageux, endurant et montrant son visage tandis que Sánchez partait et que Mazón, comme il est petit, ne pouvait pas être vu. »