Le journal Sud-Ouest vient d’annoncer officiellement qu’il n’y aurait pas de corrida cette année à La Brède. Michel Dufranc, maire de La Brède et ancien président de l’Union des villes taurines françaises, a expliqué au journal : « Nous n’avons subi aucune pression de mouvement antitaurin ou antispéciste. Ce qui nous fait suspendre temporairement l’organisation de notre corrida annuelle, c’est la nécessité de repenser notre modèle économique ».
Organisée depuis 1997 à la fin juin (avec juste une pause en 1998), la corrida des Fêtes de la Rosière était identifiée comme la manifestation taurine située le plus au nord de la France depuis la fin de la corrida de Floirac en 2006, et après celles de Caudéran et du Bouscat dans les années cinquante. L’histoire taurine de Bordeaux (où Goya a peint ses dernières oeuvres « Toros en Burdeos ») est très riche avec la venue d’Ordoñez, Dominguin et surtout de Conchita Cintron en 1951 qui fut un immense événement. La tradition fut abandonnée puis reprise à Floirac où est passé notamment El Juli puis La Brède a repris la flambeau. Dans ces deux derniers cas il s’agissait d’arènes en bois difficiles à monter et surtout chères ce qui grevait lourdement le budget de chacun des spectacles. De plus, la météo a certainement eu un effet catastrophique sur la taquilla pour ce qui concerne La Brède l’an dernier.
On notera par ailleurs que les arènes d’Eauze ne présenteront pas de corrida elles non plus cette année, mais seulement une novillada sans picador organisée par le club taurin local. Une troisième arène, de moindre importance située dans le Sud-Ouest elle aussi, ne sera pas au rendez-vous non plus cette année, toujours pour des rasions économiques. Tout cela est quelque peu préoccupant. Le modèle des corridas isolées assujetties à la météo et à de nombreux impondérables -dont des charges de plus en plus lourdes- est fragile, hasardeux. Il s’agit d’un fusil à un coup: si la balle ne touche pas le but le tireur est lui-même menacé. La mauvaise santé des petits ne préjuge en rien de la bonne santé des plus importants comme d’aucuns le croient naïvement. C’est même le contraire. Disons le clairement il y a des raisons de s’inquiéter pour tous car la hausse de coûts, le vieillissement du public sont plus sérieux que les attaques des antis qu’il ne faut pas pour autant négliger.
Nous sommes tristes en tout cas de voir cesser cette présence taurine dans la région bordelaise -une agglomération de 837 000 habitants tout de même. Nos pensée vont à nos amis de la peña des Graves qui ont beaucoup donné et particulièrement au président Campistrau. Nous entendons leur déception mais nous leur disons qu’il ne faut pas désespérer de l’avenir et croire à un retour possible. Il ne s’agit après tout, selon le maire, que d’une « suspension temporaire ».
P. Vidal