
Dans un contexte morose pour la tauromachie dans le sud-ouest : le stop des arènes de Vieux-Boucau, Eauze, La Brède et Castelnau, il y a des nouvelles encourageantes comme le succès de la première d’Horsarrieu et le retour de la novillada des fêtes de Garlin.
Il faut à la base de ces aventures des hommes à poigne, décidés et efficaces. Le redémarrage des arènes d’Arzacq fut en ce sens exemplaire. Le maire emblématique de la commune, le regretté Henri Fam, figure généreuse du gascon entreprenant, est à l’origine de cette renaissance. Car les anciennes arènes d’Arzacq inutilisables parce qu’en loques, il ne renonça et jamais à les relever. C’est ainsi qu’il écrivit à tous les maires des communes de France pour obtenir des aides et obtint une réponse positive inattendue de Cayenne en Guyane…
Après moult démêlés et coups de gueule dont il avait le secret, Henri obtint un soutien financier de l’Europe (mais oui!) et pu ainsi édifier un équipement modèle qui fit l’admiration de nos amis espagnols. Par son côté polyvalent (il sert de vestiaires, de salle de basket et de spectacles) fait l’unanimité dans le village par son utilité. C’était en son temps une première. Henri obtint dans ce combat obstiné le soutien de son adversaire Bernard Dupont qui pourtant ne partageait pas ses idées politiques.
Membre du club taurin, Henri était plus tourné vers la Course Landaise que vers la tauromachie espagnole, mais il accepta facilement sa présence, à la mesure des dimensions de de l’installation (1000 places). L’inauguration se fit avec un festival hispano- landais puis il y eut une série de festivals où se produisirent notamment Stéphane Fernandez Meca, Julien Lescarret, Alberto Aguilar, Thomas Dufau et Mathieu Guillon avec une prestation triomphale historique du bétail de Gallon, avant de trouver sa formule actuelle : novillada sans picador un temps agrémentée d’un cavalier.
Ainsi se produisirent, souvent pour la première fois, des toreros devenus célèbres comme le péruvien Joaquin Galdos, le mexicain Luis David Adame ou encore des jeunes gens très prometteurs comme Aaron Palacio, Raquel Martin, Victor ou Cristiano Torres et enfin des cavaliers de premier plan comme Roberto Almendariz ou la portugaise Ana Rita. Pour ne citer que ceux qui me viennent à l’esprit… Côté élevage, il y eut une longue histoire avec le Comte de Mayalde qui avait ses habitues dans la capitale du Soubestre et avec les frères Gallon dont les pupilles brillèrent sous le toit de cette placita. Enfin il faut souligner la fidélité des arzacqois au torero béarnais Dorian Canton qui débutera sa saison publique en matinée ce dimanche encore.
L’histoire des arènes contée ici n’est qu’un accourci car il y eut de durs moments de doute et de colère; qu’importe, le résultat est là: la pérennité. Témoin rapproché de cette belle aventure humaine, j’en tire la leçon que la persévérance est la première des qualités nécessaire au succès. La journée taurine d’Arzacq donne désormais le ton de la temporada. Elle est dans les mains du club taurin local qui rallie coursayres et amateurs de corrida -une centaine de membres au total. Conduit avec adresse et gentillesse par le président Jean Dubroca, ces hommes et ces femmes assurent avec dévouement l’avenir de notre culture. Il faudrait les citer toutes et tous… Henri serait fier d’eux.
Que dios reparta suerte et que ce dimanche soit un beau succès pour ses organisateurs.
Pierre Vidal
