Vu par Jean Dupin

Samedi dernier le public jerezano était convié à la sortie du dernier film taurin dont on parle le fameux « Tarde de soledad » auquel participait le matador Andres Roca Rey et sa cuadrilla. Nous étions nombreux à l’entrée du cinémas toreros et anciens toreros élèves des écoles taurines et aficionados de longue date. Pour ma part je rentrai dans la salle de projection en compagnie de mon ami Soto Paula ancien torero, cousin germain du grand Rafael, avec qui je partage souvent durant les corridas , je ne connais guère de meilleur connaisseur du toro bravo.

Tout commençait pour le mieux avec de gros plans sur le roi de la dehesa dans son environnement au campo, le souffle puissant sous la lune belles images ! Et par la suite : rien, un film entièrement en gros plans plus sanglants les uns que les autres. Du sensationnalisme à bon marché . Des « puyas » déchirant la chair mieux que ne les voit le picador lui même, des estocades à fleur de peau (souvent défectueuses) de longues agonies sous la puntilla. Jamais le réalisateur ne montre une passe entière ni un mouvement complet. Tout ce qui est l’art dans la tauromachie est passé sous silence. Soto Paula à mes côtés ne peut s’empêcher de s’exclamer « Quelle horreur !» . Pour ma part il m’a été donné de puntiller quelques toros et je vous assure c’est bien moins terrible que ce qui nous est donné à voir.

La sortie de la projection ressemblait à la sortie de ces mauvaise corridas où rien ne s’était passé comme on l’aurait souhaité. Mines tristes et têtes basse nous tirions nos premières conclusions unanimes. Tout d’abord Tarde de Soledad n’apporte rien à un aficionado, peut être même pourrait il dégoûter de la tauromachie. Et Roca Rey, parodiant le Scapin de Molière, qu’allait-il faire dans cette galère ? Je crois que lui même s’en mord encore les doigts. La question que nous nous nous sommes tous posés : ne serait-ce pas encore une manœuvre des anti taurins . Ce film leur est bien plus destiné qu’à nous.

Jean Dupin